AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 5Arabella


Ce roman prend en quelque sorte la suite de Paradis. Ce dernier se terminait par l'arrivée des troupes allemandes, que le personnage principal décidait de suivre. On va retrouver le personnage, même si entre les deux livres il a changé de nom, et que de Yusuf il est devenu Hamza. Mais il ne devient le personnage principal que progressivement, d'autres sont au premier plan au démarrage du roman, Khalifa, puis Ilyas et sa jeune soeur Afiya. C'est au moment de départ d'Ilyas, qui décide de s'engager dans la Schutztruppe, l'armée allemande des colonies d'Afrique, que nous suivons Hamza. Son destin aurait pu être celui-ci d'Ilyas, dont nous ne saurons rien jusqu'à la fin du roman, où un certain nombre de choses vont être révélées, mais de manière indirecte, par des recherches historiques entreprises par un autre Ilyas, fils de Hamza et Afiya. Car le roman d'Abdulrazak Gurnah est un roman historique, qui révèle l'histoire de « l'Afrique orientale allemande », ces territoires qui ont été concédés à l'Allemagne à la fin du XIXe siècle dans le partage de l'Afrique par les puissances européennes.

Mais Abdulrazak Gurnah est avant tout un romancier et un conteur. Il tisse des histoires, crée des personnages, touchants et très réels. Et l'histoire vient percuter ces vies, en dévier le cours, leur donner un sens. Ses personnages d'Africains subissent plus qu'ils ne décident : le partage de l'Afrique entre les puissances européennes, les guerres dont les répercussions les touchent de plein fouet, tout cela leur est en partie incompréhensible. Les effets les touchent durement tout simplement. L'intention historique n'est vraiment apparente qu'à partir des pérégrinations de Hamza dans l'armée allemande, et encore plus dans la dernière partie, dans laquelle Ilyas va essayer de découvrir ce qui est arrivé à son oncle. Mais c'est une autre époque, la colonisation est en principe terminée, un Africain peut devenir historien du passé de son peuple, et essayer de donner une lecture de ce qui est arrivé de son point de vue. Car on ne peut faire l'économie de replonger vers le passé pour se comprendre, les Vies d'après du titre, se sont nourri, ont été conditionnées par les vies d'avant, de ceux qui comme Ilyas l'ancien semblent être devenu des fantômes, avalés, disparus, sans laisser des traces. Comme s'ils n'avaient jamais existé. Et ce que découvre le neveu est assez étonnant.

Abdulrazak Gurnah est vraiment un auteur important, dont les livres laissent une vraie empreinte sur le lecteur. Parce que rien n'est simplifié, les personnages sont complexes, et l'humains, le sensible est au premier plan, même si la volonté de raconter l'Histoire et lui donner un sens est toujours présente.
Commenter  J’apprécie          299



Ont apprécié cette critique (29)voir plus




{* *}