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Critique de nadejda


« C'est bien dans l'exclusive compagnie de Santōka que j'aurai vécu toutes ces années, en vagabond de l'amour perdu, marchant dans ses pas avec au secret désoeuvré de mon être la pensée toujours palpitante de Saori, depuis son apparition au Café Crépuscule, dans une ruelle de Golden Gai. le livre qu'elle écrivit avec tant de ferveur sur le moine poète – sans doute en étais-je le seul témoin – raconte tout autant son coeur de femme éprise, au point de se projeter dans cette vie hypothétique, d'apparaître intempestivement auprès du vieux pèlerin épuisé pour le seul motif de lui venir en aide au bord du chemin. A-t-on déjà lu une biographie où l'auteur, bouleversé des déboires de son héros, se permet d'y intervenir en protagoniste secourable ? Peu importe d'ailleurs, Saori n'a pas besoin de ces épiphanies pour exister dans chaque mot de son livre par un phénomène fabuleux de coprésence. Elle est si proche de moi aussi, que parfois j'en vacille. D'elle, je n'ai rien oublié, ses yeux de félin, très étirés sur les tempes, ses oreilles de nacre et son épaisse chevelure fixée par un joli peigne à motifs floraux au-dessus du crâne. »

Ainsi parle Shōichi, jeune homme qui va marcher sur les pas du moine poète et grand buveur de saké, Santoka, après sa rencontre brève et inoubliable avec la belle Saori.

«La marche à pied mène au paradis : il n'y a pas d'autre moyen d'y parvenir, mais il faut marcher longtemps.» Santoka


Poésie de l'instant, inséparable de la vie et de ses douleurs, de la vie et de ses beautés, de sa douceur et de sa violence ; poésie ancrée, incrustée dans le quotidien tout en élevant et vidant progressivement des scories du passé et du présent qui encombrent le chemin et entravent la marche du pèlerin que tout homme est.
« Marcher figurait pour lui le mouvement même de vivre. »

« Ma » est tout cela, un beau livre de vie qui conduit de la passion à la sérénité à travers tous les écueils du chemin qui mène de blessures en blessures, pas à pas,
vers la dépossession « Ne possédant plus, n'être plus possédé »,
vers un possible détachement que l'on atteint peut-être à la fin d'une vie où rien ne dure et que l'on aura pas vu passer, au moment de rejoindre « la sublime vacuité ».

« Rien dans mon coeur n'a vraiment changé malgré les leurres et les faux lustres de l'oubli. J'aime Saori avec la même ingénuité qu'au grand jadis, du temps du Café Crépuscule. Mais dans une sorte d'effacement.
 
De toi à moi
quinze ans plus tard
à peine un vol de papillon »
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