La fille du ciel

Je crains toujours que Nate ait changé ses mots de passe. Quand il le fera, je serai furieuse. Mais pour l'instant, je suis libre de le surveiller quand le cœur m'en dit. Je ne me sens pas coupable. En amour comme à la guerre, tous les coups sont permis. Et puis, ce n'est pas comme s'il avait le moindre égard pour mes sentiments quand il m'a fichu dehors.

J'ai récemment développé une petite théorie que j'ai appelée ma " théorie noyau d'olive". Chaque fois que je mors dans une olive, je m'attends à tomber sur un noyau. Je suis préparée. Je ne suis pas comme Nate - ou comme tous les gens choyés comme lui qui s'attendent à mordre dans leurs fichues olives dénoyautées, à la chair abondante , parfaites - , j'anticipe les problèmes et je les régle dans ma tête à l'avance.

Les membres du personnel naviguant ont les mêmes problèmes que n'importe qui avec, en toile de fond, la menace grandissante du terrorisme. J'ai aussi découvert que beaucoup d'hôtesses de l'air souffrent de problèmes de stérilité. Et selon une légende urbaine, les pilotes engendrent surtout des filles.

J'ai été surprise d'apprendre que si les suicides ne sont pas fréquents dans la profession [ personnel naviguant ], ils ne sont pas inexistants non plus. Le plus souvent, cela arrive à l'étranger quand , loin de la famille et de ses amis, les problèmes prennent une dimension plus importante.

Pour moi cette soirée [de fiançailles ] n'est pas un succès. Bella s'éclate. Tout comme Nate et Katie. Quelle perte de temps , je m'en vais, mais pas avant d'avoir sorti mon cadeau de mon sac et de l'avoir ajouté à la montagne de cadeaux sur une table. Mon présent anonyme est un livre sur comment sauver son couple.
Je ne supporte plus les couples heureux.

" En amour, la fin justifie les moyens."

Ça m’a fait du bien de revenir ici, de me rappeler la promesse que je m’étais faite il y a dix ans : je mérite d’être traitée avec respect.
Surtout par les hommes.

Je déteste les parfums capiteux utilisés pour couvrir les odeurs d’alcool et de laisser-aller. Ce souvenir me fait frémir et je me retourne, m’attendant à voir Amelia monter l’escalier un plateau à la main avec ses remontants disposés sur un napperon pour rendre l’ensemble respectable. Je sens l’odeur du tabac froid, même si personne n’a fumé dans cette maison depuis des années.

C’est à la portée de tout le monde d’organiser une fête et de déambuler un verre de champagne à la main, si elle voulait vraiment s’investir pour ce genre de causes, elle boirait du vin bon marché et ferait du volontariat dans un secteur tout sauf glamour. Mais le don de Bella dans la vie, c’est de savoir merveilleusement se faire mousser.

Les meilleures idées paraissent tellement évidentes après coup. Mon reflet dans le miroir éclaboussé d’eau me renvoie l’image d’une personne avec une épaisse couche de maquillage et des cheveux brun foncé, mais les yeux sont les miens.