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Critique de Shaynning


BD Jeunesse, "Emma et Capucine", vous l'aurez compris, traite de danse et pas la moindre, car il s'agit de l'une des plus accomplies et les plus exigeantes: le ballet classique.

Emma et Capucine sont des soeurs ayant toute deux comme aspiration première de devenir danseuse étoile dans le monde du ballet classique et pour cette raison, elles passent le concours pour être admises à l'école par excellence, l'Opéra de Paris. Néanmoins, si la jeune Capucine semble avoir la rigueur et la technique, son aînée Emma danse trop "librement". Lorsque Capucine réussi le concours, Emma, recalée, semble alors remettre en question ses rêves. Si elle aime toujours danser, ce n'est peut-être plus en ballet classique.

À certains égards, Emma me fait penser à Polina, protagoniste de la BD et film du même nom, jeune ballerine qui, bourrée de talent, est cependant très personnelle dans sa danse et libre dans sa technique. Dans le ballet classique, on encourage pas ses qualités, d'où l'arrivé du ballet moderne. C'est donc un sujet commun. Par contre, dans "Emma et Capucine", il s'agit d'une sororité où l'une et l'autre des soeurs n'ont pas les mêmes forces en danse et on se demande si cela ne finira pas en rivalité ( j'espère que non, vu la belle relation qu'elle ont). de plus, contrairement à Polina, les deux apprenties sur pointes ont leur famille près d'elles, en support. J'ai beaucoup apprécié le papa des filles, très censé et sage dans ses conseils, contrairement à la mère, plus entreprenante et sévère. Elle est manifestement trop impliquée, transférant une part de ses désirs sur ses filles. Mais bon, ce demeure une bonne mère tout-de-même, mais à terme, son attitude pourrait nuire.


J'ai cependant un reproche sur le scénario, celui de la dévalorisation du ballet au profit, pour une centième fois, du Hip Hop. C'est tellement rependu dans la culture cette idée du corps de ballet snob, rigide et élitique, contre le Hip Hop libertin, amusant et à la portée des gens de la rue, que ça commence à devenir vicieux comme comparaison. Il existe aussi de la rivalité malsaine en Hip Hop, tout comme il existe de la liberté créatrice dans le ballet. J'attends de voir l'inverse un jour: un personnage qui passe du Hip Hop au Ballet classique.


Niveau dessin, je retrouve le style graphique vu dans "Gung ho" où il n'y a pas de lignes noires en contours et des superpositions de couleurs minimalistes pou créer l'ombre et la lumière. J'avais beaucoup aimé pour "Gung Ho", j'aime donc autant pour "Emma et Capucine". Là où c'est différent, c'est dans la forme des personnages, très longilignes, avec des yeux énormes et un peu "mangakesque". Mais c'est toujours un défis de dessiner des danseurs, spécialement avec le ballet classique, où les lignes du corps sont particulières et les poses inhabituelles. C'est donc assez réussi, mais j'aurais aimé voir plus les pieds: les pointes et les pieds arqués sont un élément clé du ballet après tout. J'ai beaucoup aimé le mouvement dans les cheveux, surtout ceux d'Emma.
Les personnages sont attachants, variés, même assez mignons parfois, notamment Jake, que je trouve assez loin des bady boys à deux sous que je croise trop souvent en jeunesse ces derniers temps. Maladroit, danseur de hip hop, souriant, attentionné, vraiment c'est un beau personnage.


À partir d'ici il y aura des divulgâches.


J'espère cependant que Jake a une bonne raison d'avoir agit comme un salaud, vers la fin de la BD, parce que c'était assez ordinaire comme agissement.


Pour une premier BD, on est bien fixé: personnages adéquatement révélés, scénario qui tient la route, jolis dessins, une problématique simple , mais bien rendue, plusieurs enjeux autours de la danse et de la famille, avec quelques petits clin d'oeil à la vie adolescente et un sujet actuel. Une belle oeuvre qui mérite d'être approfondie.

Pour un lectorat adolescent, premier cycle secondaire, 12 ans +
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