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Critique de Krout


Dois-je l'avouer, j'ai peu lu d'Agatha Christie. Je crois avoir eu la malchance de rencontrer Miss Marple en premier. Trop lent, trop botanique. Celui-là m'est plusieurs fois tombé des mains."Shoking isn't it?" Mais j'aime bien, de temps en temps, me détendre devant un épisode d'Hercule Poirot. Personnage hors du commun s'il en est : un peu dandy, un peu distant et peu discret. Ne comptez pas sur moi donc pour comparer la version de Sophie Hannah et celle de son illustre ancêtre morte et enterrée, "stone-cold dead" suivant la belle expression de Dorro Playford. Ce serait d'un vulgaire. Tout livre mérite d'être lu dans l'absolu. Il me semble intéressant de noter que le narrateur n'est pas Poirot "himself" mais son ami Edward Catchpool de Scotland yard.

Ceci dit j'ai lu cette aventure dans la langue de Shakespeare, la version française porte le titre ahurissant de "La mort a ses raisons." Or Shakespeare apparait dans cette histoire dont le titre anglais "Closed casket" est étrangement lié à la résolution de ce crime, par ailleurs non moins étrange. Jugez plutôt : la victime Joseph Scotcher ayant annoncé de longue date avoir atteint un stade avancé d'une maladie incurable semble avoir été assassiné non pas une fois (comme l'on dit dans la patrie du fameux détective), mais deux. "Amazing" (et non pas shocking cette fois) !

Sept fois tourner sa langue dans sa bouche (et non celle de sa voisine), voilà le conseil que nous donne la principale protagoniste Lady Athelinda Playford : "One ought not to use words carelessly, or even spontaneously. […] never once have I used a word or words that I have not carefully chosen."p.136 Conseil à prendre au pied de la lettre venant d'une romancière de policiers fussent-ils pour ados. C'est bien habile de la part de Sophie Hannah d'utiliser ce personnage pour mettre en garde le lecteur peu attentif et annoncer ainsi plusieurs des procédés utilisés dans le roman. Le tour de passe passe n'en est que plus délectable.

Il est des milieux qui ne sont point au milieu. Telle est la maisonnée de la théâtrale Lady Playford où ceux à demeure en son manoir finissent par jouer la comédie, abusivement acteurs d'un drame dont elle pensait maîtriser toutes les ficelles, mais dont seul Poirot saura démêler l'écheveau. Il est bien cavalier^^ de ma part de vous dire avoir pu non seulement l'accompagner mais le devancer. Arrivant avant lui à découvrir le coupable par une prospection intuitive proche de la sienne mais échafaudant un motif plus noir encore : tuer par simple plaisir du jeu. Je suis allé jusqu'à imaginer une fin à la Shakespeare, digne de Roméo et Juliette, celle-ci existe en effet mais il vous faudra prolonger par vous-mêmes.

Un très bon moment de détente avec ce policier qui sort de l'ordinaire. Attention cependant, pour en profiter pleinement, il vous faudra faire travailler au mieux vos petites cellules grises car Sophie Hannah vient de placer la barre haut et l'annonce par l'entremise de Lady Playford. "I'm afraid I don't write for dimwits and nor will I, ever. I write for those capable of rising to an intellectual challenge." p.287. Tout ce que j'aime !^^
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