Le faucon des neiges

Elle plonge avec une aérodynamique parfaite. Le bruit de l'air monte, devient un doux sifflement. Sa trajectoire est totalement rectiligne, sa route sans accrocs, et elle accélère si fort qu'elle n'est plus qu'une trace dans le ciel. So aile tremble à l'endroit de la blessure, et elle sent une petite raideur parfois. Mais elle est prête à courir ce risque: c'est ainsi qu'elle vit. Elle ne connaît pas le compromis. Un gerfaut n'a pas son pareil dans les air, sa vie est marquée par l'absolu. Elle survivra selon les lois de la nature, toute de beauté et de grâce, ou elle périra sans fléchir. Elle ne fait pas de quartier quand elle fond sur sa proie, et elle n'attend aucune concession.

Il se dit que cela tenait sans doute à l'attrait particulier que revêt tout ce qui hors d'atteinte, et que c'était peut-être une manière de s'empêcher de penser aux choses plus importantes qu'il avait perdues.

Toute la maison était comme ça, finie nulle part, une sorte de compromis entre la négligence et les bonnes intentions. Il y avait longtemps qu'ils n'avaient plus rien fait. Ils avaient démarré avec résolution et terminé dans la désillusion.

« Tu vois, parfois je crois qu'il faut savoir choisir les solutions les plus difficiles, quoiqu'elles nous obligent à affronter. »

L'ambition et l'échec marchaient parfois main sans la main pour détruire un homme.

C'était une drôle de conversation, où les deux interlocuteurs se jetaient des questions comme des poignards sans jamais y répondre.

S'il lui manquait quelque chose, c'était bien le plaisir de partager, une caractéristique typiquement humaine, se dit-il, qui apporte une dimension supplémentaire à notre délectation et à notre émerveillement devant la beauté.