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Critique de Thyuig


Thyuig
22 septembre 2015
Voilà un livre que Flammarion devrait affubler du bandeau suivant : "Attention, l'intrigue principale est un leurre absolument artificiel. ! " Et si la santé de leur lecteur lui tenait réellement à coeur, l'éditeur poursuivrait par cette injonction "sautez directement à la page 80, ce qui se passe avant fait partie d'un autre projet de bouquin de Jim Harrison."

Nous voilà désormais prévenus, ce roman est une escroquerie de son auteur. Mais le talent, que voulez-vous, le talent fait tout et oblige à bien des pardons.

Sunderson, que l'on connait déjà pour l'avoir accompagné lors d'un récent précédent roman d'Harrison, Grand Maître, se remet difficilement de cette sordide histoire. Il combat son blues en picolant plus que de raison et offre à sa libido les joies les plus saugrenues (voire carrément malsaines). Quelque chose doit changer dans sa vie ! Par le concours de circonstances plus que favorables (c'est ici qu'on rappelle au lecteur l'artificialité de l'intrigue), l'auteur va offrir à son personnages principal les moyens d'acquérir aux environs d'Escanaba le chalet dont il a toujours rêvé. Un pied-à-terre idéal, en pleine zone de pêche, reculé et propice à l'exploration intime.
C'est là que se déclenche une intrigue décousue, tirée par les cheveux, risible par biens des côtés tant elle apparaît surfaite et, comme annoncée, complètement factice et vaine.
C'est ici que la mise en garde de l'éditeur devrait empêcher le nouveau lecteur d'Harrison de s'enfuir en courant, parce qu'il le ferait sans aucun doute et sans aucun remords.
Mais il raterait le coeur du roman, le délice exquis qui fait courir la plume d'Harrison et rend la lecture de Péchés Capitaux absolument réjouissante. Jim Harrison écrit dorénavant comme il respire. Son style est fluide, passionnant, éblouissant. Certes, il est très porté sur la sexualité, sur la bouffe et la picole mais ces accessoires assoient une écriture dense et rigolarde, moqueuse, impertinente et juste.
Au final, on dévore ce bouquin alors que son intrigue est inintéressante.
Il y a des chapitres à la beauté étrange, comme lorsque Sunderson se souvient de ses années à la fac. D'autres, plus convenus, qui attirent le vieil auteur vers nos rivages européens et tout aussi logiquement vers le proche Mexique.
On sent un Harrison enclin à évoquer les choses qu'il retient de la vie : ses plaisirs et ses douleurs, ses rires et douceurs, ses envies et ses peurs.
Ça ne fait pas un grand roman, mais le choc de lire avec passion une intrigue qu'on jugeait artificielle et vaine renforce l'idée assurée qu'il est un grand écrivain, capable de magie à partir de rien, mais coupable aussi de remettre inlassablement le même plat à sa carte. Péchés Capitaux ne renouvelle pas la cuisine d'Harrison, mais c'est toujours avec plaisir qu'on s'assoit dans son restaurant.
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