Il commençait à faire chaud. Mi-juillet. Le ciel sans nuages, les blés le long de la route d'ores et déjà coupés, le chaume bien régulier et parfaitement taillé, le maïs, plus loin, s'étirant en rangées vert foncé. Une belle et torride journée d'été.
Je me demandais si vous accepteriez de venir chez moi de temps en temps pour dormir avec moi.
Quoi ? Qu’entendez-vous par là ?
J’entends par là que nous sommes seuls tous les deux. Ça fait trop longtemps que nous sommes sans personne. Des années. La compagnie me manque. À vous aussi, sans doute. Je me demandais si vous accepteriez de venir dormir avec moi certaines nuits. Discuter.
Il la dévisagea, l’observant, curieux à présent, circonspect.
Vous ne dites rien. Est-ce que je vous aurais coupé le sifflet ? dit-elle.
Il ne s’agit pas de sexe. Ce n’est pas comme ça que je vois la chose. Je crois que j’ai perdu tout élan sexuel il y a longtemps. Je parle de passer le cap des nuits. Et d’être allongée au chaud sous les draps, de manière complice. D’être allongés sous les draps ensemble et que vous restiez la nuit. Le pire, ce sont les nuits. Vous ne trouvez pas ?
Tu m'as fait du bien. Que demander de plus ? Je suis un être meilleur que je ne l'étais avant. C'est grâce à toi.
Holly vient pour le week-end du Memorial Day. Je crois qu’elle veut me botter les fesses.
Comment cela ?
Je crois qu’elle a eu vent de notre histoire. Je crois qu’elle veut que je me tienne bien.
Et vous en pensez quoi ?
De bien me tenir ? Mais je me tiens bien. Je fais ce dont j’ai envie et ça ne fait de mal à personne. J’espère d’ailleurs que c’est vrai pour vous aussi.
Ça l’est.
C'était une belle femme, il avait toujours trouvé. Elle avait des cheveux bruns quand elle était plus jeune, mais ils étaient blancs aujourd'hui et courts. Elle avait encore une silhouette harmonieuse, juste un peu lourde au niveau de la taille et des hanches.
Je me demandais si vous accepteriez de venir chez moi de temps en temps pour dormir avec moi.
Quoi ? Qu’entendez-vous par là ?
J’entends par là que nous sommes seuls tous les deux. Ça fait trop longtemps que nous sommes sans personne. Des années. La compagnie me manque. À vous aussi, sans doute. Je me demandais si vous accepteriez de venir dormir avec moi certaines nuits. Discuter.
À l'entracte, ils allèrent aux toilettes. Il y avait une longue file d'attente chez les femmes. Louis retourna s'asseoir et Addie revint juste à temps pour la deuxième partie.
Ne dis rien dit-elle.
Je ne dis rien.
Pourquoi n'arrivent-ils pas à comprendre que les femmes mettent plus longtemps et qu'il leur faut plus de cabines ?
Tu sais bien pourquoi.
Parce que ce sont des hommes qui conçoivent ces choses-là. Voilà pourquoi.
Non, pas tout de suite.
J’aime vraiment beaucoup ce monde physique. J’aime cette vie physique avec toi. Et l’air et la campagne. Le jardin de derrière, le gravier dans la ruelle. L’herbe. La fraîcheur des nuits. Être allongée au lit à discuter avec toi dans le noir.
[Dialogue entre le père et la fille, adulte ]
-Je ne la voyais pas comme une progressiste ou une femme légère.
-Il ne s’agit pas de légèreté. C’est une réflexion d’ignorante.
-Il s’agit de quoi, alors ?
-Une sorte de décision d’être libre. Même à nos âges.
- Tu te conduis comme un adolescent
- Je ne me suis jamais conduit comme un adolescent. Je n’ai jamais rien osé. J’ai fait ce que j’étais censé faire. Attitude que tu connais, si je puis me permettre. J’aimerais que tu trouves quelqu’un d’autonome et d’entreprenant. Quelqu’un qui t’accompagne en Italie, qui en se levant un samedi matin t’emmène dans les montagnes pour que vous vous promeniez sous la neige, et que tu rentres ensuite chez toi gorgée de cette foule de sensations. (p. 55)