Très inégal, trop inégal ?
Le roman partait d'un postulat qui me plait beaucoup, une petite ile perdue quelque part en écosse. Une secte menée par un gourou bien connu de notre personnage principal, un journaliste adepte de la démystification et de la chasse aux fake.
Le début m'a bien captivé. L'ambiance se place doucement : l'ile sur laquelle se trouvait un abattoir, la rencontre avec les familles qui y vivent recluses, le mystérieux Malachi qui s'est exilé de la communauté qu'il avait lui-même fondée des années auparavant, ce soi-disant monstre que l'on aurait vu roder sur l'ile et qui terrorise les habitants.
Cependant, j'ai eu beaucoup de mal avec le ton de l'autrice, un style très parlé qui pêche malheureusement dans un certain nombre des dialogues. Mais il reste tout à fait possible de s'habituer à cela et de passer outre.
Mais ce n'est pas cet aspect qui m'a le plus gêné dans ma lecture.
Premièrement je regrette que l'on quitte si vite l'ile. le livre d'appel
Pig Island, mais l'on y passe moins d'un tiers de l'histoire et l'intrigue aurait tout aussi bien pu se dérouler dans n'importe quel endroit un peu désertique ou éloigné, car le fait d'être sur une ile n'apporte pas grand-chose à l'histoire en elle-même.
Je ne comprends pas le personnage de Lexie qui se résume seulement par la femme qui déteste son époux, tout ce qu'il est et le métier qu'il fait (mais qui était déjà comme cela quand ils se sont rencontrés donc pourquoi vous vous êtes mariés si c'est à ce point insupportable ???). Et qui est une parfaite définition de l'érotomanie puisqu'elle est persuadée que le beau médecin avec laquelle elle a travaillé est aussi amoureux d'elle… Tout ça juste pour justifier quelques connaissances médicales utiles pour faire avancer un peu plus vite l'histoire. Bref…
L'évolution d'Angeline est aussi assez surprenante, non pas sur ce qu'elle devient, qui est assez prévisible, mais sur la rapidité a laquelle cette évolution se fait, rien ne bouge pendant près de 400 pages puis tout ce fait d'un seul coup un peu avant la fin.
Pour aborder quand même quelques points positifs, parce qu'il y en a, j'ai aimé l'oscillation entre le réel et le surnaturel qui est, je trouve, assez bien mené sans être particulièrement original. On continuera à se poser des questions là-dessus jusqu'à assez tard dans l'intrigue. J'ai apprécié le personnage principal, sa volonté de démanteler les complots et de rendre justice et l'évolution qu'il a tout au long de l'histoire.
Je ne vais pas trop détailler pour ne pas spoiler, mais le dénouement est abrupt et relativement prévisible. J'ai aussi l'impression que certains chefs d'accusation ne peuvent pas être vraiment reprochés au personnage inculpé, ce qui vient un peu gâcher la toute fin du récit.
En résumé, quelques bonnes idées, une bonne base de départ, des personnages pour la plupart intéressants, une ambiance prenante une bonne partie de la narration. Mais tout cela est terni par quelques aspects énoncés ci-dessus qui donnent à
Pig Island un goût un peu amer et inégal.
Sans oublier que la police laisse complètement de côté certaines facettes qui chargeraient la fille de Malachi. Tout particulièrement, je ne vois pas comment le personnage principal aurait eu le temps de tuer sa conjointe. Car ça signifie que sur l'intervalle ou le flic en faction devant chez eux a couru après Angeline au bout de la rue puis l'a ramené à sa voiture (ce qui doit prendre au maximum 2 minutes) Oakesy a eu le temps de : se garer en dehors de la rue pour ne pas être vu, est entré dans la maison, a trouver, étranglé puis installé sa femme dans le placard ou elle a été retrouvée, il est ensuite ressorti sans être découvert, est retourné à sa voiture garée plus loin. Je ne vois pas dans quel monde c'est possible de réaliser cela en si peu de temps. et pile au moment ou personne ne regarde en plus...