>
Critique de klakmuf
Une fatwa de 2013 édictée par « Al-Qaïda - Péninsule Arabique », mentionne le nom de Stéphane Charbonnier, dit Charb, sur une liste de 9 personnalités recherchées pour « crimes contre l'islam » (Salman Rushdie y est aussi). La version anglaise de l'infâme avis de recherche affiche le dessin d'un révolver lâchant une balle dans le crâne d'un homme de type occidental. Avec ce slogan, en dessous : A Bullet a Day Keeps the Infidel away. le tout, naturellement, pour défendre le Prophète.
« Un an après, l'assassin court toujours » est un numéro spécial de Charlie Hebdo pour commémorer les événements tragiques des 7, 8 et 9 janvier 2015. On y retrouvera dans les 4 premières pages le récit émouvant de la terrible journée du 7 janvier 2015. Mais aussi des articles sur l'état de la laïcité en France, dans la presse, à l'école, à l'université, dans les hôpitaux, etc. Ou sur le délit de blasphème qui « est en pleine forme » dans le (pas si) vaste monde. Chacun devrait lire également, en page 31, le témoignage de Taslima Nasreen, dont la tête est mise à prix par des intégristes : il est éloquent et sans appel. « Sans évolution et sans réformes de l'islam, la terreur ne disparaîtra pas », nous prévient-elle. Prions (zut, encore un terme religieux !) pour que les violents soubresauts actuels du monde musulman constituent en réalité une longue phase transitoire, vers un islam pacifié, plus tolérant et soumis (sic !) au pouvoir politique temporel. On peut rêver, non ? On le doit, en fait.
Mais pourquoi lire Charlie Hebdo, dont l'humour n'est pas toujours de bon goût ? D'abord, si ce canard se met à faire de la dentelle sur papier glacé, alors il y a tromperie sur la marchandise ou bien vous avez confondu avec Gala. Ensuite, il est réconfortant de retrouver presqu'intact leur humour corrosif, malgré l'état d'esprit qui peut habiter l'équipe survivante. Oui, les dessins percutent toujours autant, et ça fait plaisir. Il y a un an, l'édition de ce numéro spécial n'était pas garantie…
Mais surtout, cette lecture relève presque du dessillement : elle nous jette à la face l'extrême fragilité de la liberté de la presse sur les questions touchant aux religions, et le vacillement du consensus sur la laïcité, les démissions, les compromissions et les lâchetés ambiantes quand il s'agit d'affirmer la liberté de conscience, par le dessin, et le blasphème. Les défenseurs de la laïcité apparaissent aujourd'hui au pied du mur et sont de plus en plus traités de racistes et d'islamophobes. Et il est sidérant, voire inquiétant, de réaliser que la France jouit d'une législation sur la presse et la liberté d'opinion parmi les plus libérales au monde. Comme l'a souligné l'historien Pascal Ory, dans le documentaire du 6 janvier dernier « Attentats : Charlie, le rire en éclats », cette liberté est toute récente (1881) et la censure reste la norme sur le long terme.
Non, quoiqu'on en dise, Dieu n'est pas mort, et l'assassin court toujours… Il va y avoir du pain sur la planche !
« Un an après, l'assassin court toujours » est un numéro spécial de Charlie Hebdo pour commémorer les événements tragiques des 7, 8 et 9 janvier 2015. On y retrouvera dans les 4 premières pages le récit émouvant de la terrible journée du 7 janvier 2015. Mais aussi des articles sur l'état de la laïcité en France, dans la presse, à l'école, à l'université, dans les hôpitaux, etc. Ou sur le délit de blasphème qui « est en pleine forme » dans le (pas si) vaste monde. Chacun devrait lire également, en page 31, le témoignage de Taslima Nasreen, dont la tête est mise à prix par des intégristes : il est éloquent et sans appel. « Sans évolution et sans réformes de l'islam, la terreur ne disparaîtra pas », nous prévient-elle. Prions (zut, encore un terme religieux !) pour que les violents soubresauts actuels du monde musulman constituent en réalité une longue phase transitoire, vers un islam pacifié, plus tolérant et soumis (sic !) au pouvoir politique temporel. On peut rêver, non ? On le doit, en fait.
Mais pourquoi lire Charlie Hebdo, dont l'humour n'est pas toujours de bon goût ? D'abord, si ce canard se met à faire de la dentelle sur papier glacé, alors il y a tromperie sur la marchandise ou bien vous avez confondu avec Gala. Ensuite, il est réconfortant de retrouver presqu'intact leur humour corrosif, malgré l'état d'esprit qui peut habiter l'équipe survivante. Oui, les dessins percutent toujours autant, et ça fait plaisir. Il y a un an, l'édition de ce numéro spécial n'était pas garantie…
Mais surtout, cette lecture relève presque du dessillement : elle nous jette à la face l'extrême fragilité de la liberté de la presse sur les questions touchant aux religions, et le vacillement du consensus sur la laïcité, les démissions, les compromissions et les lâchetés ambiantes quand il s'agit d'affirmer la liberté de conscience, par le dessin, et le blasphème. Les défenseurs de la laïcité apparaissent aujourd'hui au pied du mur et sont de plus en plus traités de racistes et d'islamophobes. Et il est sidérant, voire inquiétant, de réaliser que la France jouit d'une législation sur la presse et la liberté d'opinion parmi les plus libérales au monde. Comme l'a souligné l'historien Pascal Ory, dans le documentaire du 6 janvier dernier « Attentats : Charlie, le rire en éclats », cette liberté est toute récente (1881) et la censure reste la norme sur le long terme.
Non, quoiqu'on en dise, Dieu n'est pas mort, et l'assassin court toujours… Il va y avoir du pain sur la planche !
Acheter ce livre sur
