"J'ai quelque chose de terrible à vous dire", puis un silence, le temps que le boulet de canon atteignent les interlocuteurs. Cette première phrase est plutôt un anesthésiant avant la frappe, elle dit protégez-vous, refermez votre corps pour ne pas mourir à l'annonce qui va suivre, qui s'est faite sans se dire.
Comme à chaque fait divers, l’entourage est d’abord stupéfait. C’est après qu’ils retournent leur veste.
Il n’y avait pas de feu mais ils s’étaient assis au coin de rien. page 24
[…]les avocats ont « l’honneur de défendre », une formule qui fait vivement réagir quand nous la prononçons. Toutes les défenses ne seraient-elles pas honorables ?
Des féministes disent que le viol est un meurtre qui laisse en vie, je crois qu'elles ont raison.
Ma psy dit souvent que le malheur ne confère aucun droit. […]Au tribunal on postule le contraire: les victimes ont tous les droits mais ce n’est valable que pour la parole
En prison, le ciel lui-même aura une limite: il ne le verra que fragmenté, obstrué par un filet parfois, par un mirador toujours. Jean sera à l’abri du vent et à l’abri des étoiles qui ne sortent pas à l’heure des promenades. Le ciel est définitivement à Eve.
Ils n’ont pas hérité que du lapin, du vélo, des bijoux en argent et des disques de Daho. Ils ont hérité des souffrances aussi.
juridiquement, il faut « liquider » le préjudice. « […] puis la succession se referme comme un deuxième cercueil.
J’ignore comment son identité grandit Émilie. Ou bien si elle l’enferme. J’ignore comment elle s’en débrouille mais je sais ce qu’une histoire fait à un corps.