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Critique de entre_les_lignes_de_lucie


Exil, déracinement, quête identitaire, devoir de mémoire : des thématiques abordées tout au long de ce récit intime dans lequel Nadia Henni-Moulaï nous fait voyager dans le temps en oscillant entre passé et présent, et dans l'espace entre la France et l'Algérie. On remonte la vie, à cheval entre deux récits, deux identités, deux pays, deux rives.

L'autrice raconte son histoire, celle d'une enfance et d'une adolescence dans le récit fantasmé d'une Algérie comme « un paradis perdu » telle que son père se la figure. Elle plonge et nous plonge dans l'histoire familiale et dans l'Histoire pour nous faire découvrir cette France multiculturelle qui ne s'assume pas. Elle raconte, par le prisme de l'enfant qui devient adulte en France, cette bascule due au regard posé sur elle. Quand elle était enfant, son pays c'était d'abord sa cité. Puis en grandissant, elle découvre les strates sociales. Elle devient une « immigrée », une « débrouillarde » qui a grandi en cité, qui a fait des études.

L'autrice raconte aussi l'histoire de son père, Ahmed, celle d'un homme né en 1925 et qui a la fureur de vivre. Il fuit la Kabylie, traîne dans les faubourgs d'Alger, vagabonde un peu, dort parfois à la belle étoile. Pour lui, Paris était un rêve. Père d'une fratrie de 12 enfants, il était un père nimbé de mystères, rude voire violent, taiseux, élégant, un pater familias autoritaire, soucieux de l'ordre et de la discipline et très attaché au « nif », l'honneur. Vingt-ans après sa mort, sa fille le (re)découvre. Elle découvrir qu'il n'est pas tout à fait celui qu'elle croyait être. Il n'est pas un simple résident algérien en France, un invisible et une victime de racisme. Non, il se tenait droit et ne rasait pas les murs, plein de zones d'ombres. le regard qu'elle porte sur lui va-t-il changer au fur et à mesure de ses découvertes ?

Je pense toutefois que ce qu'ai apprécié le plus ce sont les remarques de l'autrice sur sa propre posture : en France elle est française mais avec des moments où on la fait se sentir étrangère. En Algérie elle est une immigrée. Finalement, elle n'a sa place nulle part. Elle est un peu hybride.

Sans être un coup de coeur, j'ai trouvé la plume de l'autrice agréable et l'histoire et les réflexions soulevées très intéressantes.
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