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Critique de bina


Ce livre est petit par la taille mais riche en réflexions. Cependant, il n'apporte pas grand chose de nouveau sur ce thème. Cet ouvrage est un entretien entre Stéphane Hessel, très connu entre autre pour son petit livre Indignez-vous, laïc irréductible, et Le Dalaï-lama, chef spirituel des bouddhistes. Deux mondes qui se rencontrent et qui échangent sur l'humanité d'aujourd'hui. Deux personnes qui font en quelque sorte la synthèse de leur réflexion. On retrouve les idées de Stéphane Hessel sur la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, et du Dalaï-lama sur la compassion et la non-violence. Ces idées sont ainsi mises en commun et on comprend bien l'universalité des pensées développées, qui ne sont pas uniquement l'apanage de l'Occident et de l'Orient.

"Ne parlez-pas de Dieu, parlez de dignité". C'est la première idée développée dans cet échange. C'est ce qui apparait dans le préambule de la Déclaration Universelle. C'était un grand progrès à l'époque, alors que certains membres de la commission voulaient une référence à Dieu. Mais lequel? Pour que ces droits soient unversels, il fallait qu'ils puissent s'appliquer à tous, quelque soit la religion. C'est le point de départ. cette loi étant valable pour toute l'humanité, chaque individu, n'est plus membre d'une nation ou d'un gouvernement, mais l'un des 7 milliards d'humains de la planète vivant en interdépendance avec la nature. Cette nature que nous devons respecter pour continuer à en tirer profit. Tout doit être fait et penser aujourd'hui en pensant à demain, en réfléchissant aux conséquences à long terme. Il faut penser "durable".

Cela aboutit à l'idée d'éthique séculière. Certains pensent qu'il ne peut pas y avoir de morale sans fondement religieux. On en revient toujours à la même idée. Comment des valeurs morales peuvent-elles être universelles et s'appliquer partout dans le monde? Uniquement si elles ne tiennent pas compte des religions. Tout en respectant toutes les religions, les croyants et les non croyants.

Le bouddhisme est très ancré dans la réalité et dans l'actualité. En dehors du fait qu'il est pratiqué partout dans le monde et par des millions de personnes, il s'ancre dans la recherche scientifique, dans les neurosciences, afin de contribuer à dessiner une carte mentale de notre cerveau. Ces recherches mettent en valeur le rôle des sentiments sur notre santé et notre comportement, la place des émotions positives et des émotions destructrices. En l'occurence, les émotions positives, l'absence de haine permettent de vivre longtemps, en bonne santé. C'est la raison pour laquelle, selon Le Dalaï-lama, Stéphane Hessel, de 18 ans son aîné, marche sans canne. Il n'a pas éprouvé de haine lorsqu'il était dans les camps de concentration. "Si vous avez atteint un tel âge sans avoir besoin de canne pour marcher, c'est la preuve que votre état mental est calme, en paix. Votre bonne santé a suivi".

Cet ouvrage analyse et éclaire de nombreux sujets: les immolations de nonnes au Tibet (la place du suicide, de la non-violence et de sa perception par le peuple tibétain et par les chinois), l'égoïme des gouvernements et des organismes internationaux (qui devraient agir au nom de l'humanité et qui, en fait, prennent des décisions qui avantagent certains gouvernements (rôle du droit de veto à l'ONU), le fossé entre les pauvres et les riches, la place de la non-violence (Tunisie, Egypte) ou la nécessité de la violence (faire une guerre humanitaire en Libye?, expression paradoxale), et surtout, dans le domaine de la géopolitque, le rôle des gouvernements, notamment occidentaux, qui, pour diverses raisons, ont laissé s'installer des dictatures, contre lesquelles ils interviennent aujourd'hui militairement.

Cela amène à une réflexion sur l'enseignement de la non-violence en dehors de tout cadre religieux, afin de développer l'esprit séculier. Ce progrès de l'esprit doit être pris en compte et, selon les auteurs de cette réflexion, inscrit dans la Déclaration Universelle des droits de l'homme, qui ne se réfère aujourd'hui qu'aux progrès scientifique. Et cela doit aussi passer par des réformes concrètes d'organismes internationaux dont l'ONU, qui devrait avoir une commission fondée non pas sur des représentants de gouvernements, mais sur des citoyens du monde empreints de sagesse, ayant oeuvrés pour la paix, bref, un "comité des sages".

Vous l'aurez compris, ce petit livre fourmille de réflexion, encore faudrait-il que cela ne reste pas lettre morte. Ces idées ne sont pas neuves, mais elles sont rapprochées et le laïc éclaire le spirituel, ou l'inverse.
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