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Critique de Presence


Le présent tome comprend les épisodes 1 à 6 parus en 2013, écrits par Jonathan Hickman, dessinés et encrés par Jerome Opeña (épisodes 1 à 3, avec une mise en couleurs de Dean White), et par Adam Kubert (épisodes 4 à 6). Cette série se déroule concomitamment à celle des New Avengers (à commencer par Everything dies), également écrite par Jonathan Hickman (avec l'aide de Nick Spencer).

L'histoire s'ouvre avec un présage : celui d'une destruction d'une ampleur inégalée qui trouve ses racines peut-être dans la libération d'Hyperion, peut-être dans la défaite de la Garde Impériale des Shiar, ou peut-être dans la terraformation de Mars par une entité humanoïde appelée Ex Nihilo. Quoi qu'il en soit tout commence avec 2 individus : Steve Rogers (Captain America) et Tony Stark (Iron Man). Stark a eu une nouvelle idée pour améliorer l'efficacité de l'organisation de l'équipe ; Rogers la valide. Une équipe (composée de Captain America, Hulk, Hawkeye, Black Widow, Iron Man et Thor, oui comme dans le film) se rend sur Mars pour expliquer à Ex Nihilo, Abyss et Aleph qu'ils n'ont pas le droit de supprimer la vie humaine sur Terre. Par la suite, cette équipe reçoit du renfort de Captain Universe (Tamara Devoux), Wolverine, Spider-Man, Captain Marvel, Spider-Woman, Falcon, Smasher (Izzy Dare), Manifold et encore 4 autres (surprise).

En 2012, l'éditeur Marvel Comics décide de faire converger les séries X-Men et Avengers dans un crossover généralisé de grande ampleur Avengers versus X-Men (AvX pour les intimes). Après cet événement, c'est l'occasion de redémarrer la plupart des séries avec un nouveau numéro 1 et des nouvelles équipes de créateurs, surtout de nouveaux scénaristes ayant la lourde tâche de créer des histoires intégrant les diktats éditoriaux, eux-mêmes engendrés par le succès des films Marvel, à commencer par Avengers (2012). Après 9 ans en tant que scénariste de la série Avengers, puis en parallèle de la série "New Avengers" (en passant par une série "Mighty Avengers" et une "Dark Avengers"), Brian Michael Bendis laisse sa place à Jonathan Hickman qui vient de finir ses histoires pour les Fantastic Four (avec Fantastic Four 6 et You are whatever you want to be).

Il s'agit d'une expérience peu commune de lecture d'histoire de superhéros, même pour un lecteur blasé. Hickman respecte tous les points de passages obligés. Il y a bien sûr la phase de recrutements des Avengers pour former l'équipe. Plutôt que de rassembler les membres restant dans une pièce autour d'une table, ou de faire intervenir une organisation gouvernementale imposant ses choix, Hickman montre comment Tony Stark a repensé le recrutement de manière radicale pour faire face aux attaques potentielles, et comment il soumet son projet à Rogers qui est l'âme de l'équipe. En 1 case, il a rappelé comment les Avengers avaient retrouvé Rogers prisonnier de la glace, et les bouleversements que ça a engendrés pour Stark. Hickman a une capacité surnaturelle à citer un événement connu des lecteurs, le synthétiser pour en tirer la substantifique moelle et en montrer l'impact émotionnel sur un héros, du grand art. Si toutes les séquences de recrutement ne sont pas montrées, celles qui le sont valent le déplacement (par exemple Sam Guthrie et Bobby da Costa sur un transat à se dorer au soleil recevant un appel de Wolverine).

Bien sûr il y a de nouvelles recrues. Mais Hickman ne se limite pas à aller piocher dans le catalogue pléthorique de Marvel pour donner un coup de projecteur sur tel ou tel personnage peu employé (à tort ou à raison). Il les choisit également pour leur valeur mythologique. Captain Universe élargit l'horizon du récit à celui de l'univers. Smasher établit un lien avec la race extraterrestre des Shiar. L'habilité de la narration est telle qu'Hickman semble réussir le pari de rendre plausible une forme de théorie unificatrice qui rendrait toutes les approches mythologiques évoquées, à la fois compatibles et cohérentes.

Bien sûr, le lecteur guette le nouvel ennemi à l'envergure telle qu'elle justifie qu'il faille une équipe de superhéros pour s'en occuper. Hickman ouvre le récit par lui, explique ses motivations, en fait un agent du changement et du progrès. Si la baston arrive bien en bonne et due forme, il survient plusieurs événements inattendus qui complexifient la situation, ce qui était à prévoir vu le nombre de personnages impliqués. Et pourtant il arrive quand même à insérer des moments dévolus aux relations entre les personnages, et même plus incroyable des séquences entre êtres humains normaux.

Les 3 premiers épisodes bénéficient des magnifiques illustrations de Jerome Opeña, complétées par la savante mise en couleurs de Dean White (ils avaient déjà collaboré sur la série Uncanny X-Force, à commencer par The Apocalypse solution). le choix des couleurs et leur agencement est remarquable, très différent d'un travail habituel à l'infographie où l'artiste ne peut pas s'empêcher de faire de l'esbroufe avec les capacités de son logiciel. White (assisté de Justin Ponsor, Morry Hollowell, Frank Martin et Richard Isanove) utilise surtout des teintes un peu sombres, et un peu délavées, proscrivant les tons trop criards. L'apparence générale s'écarte alors des codes pyrotechniques des comics de superhéros pour une ambiance plus ambivalente. le travail de Frank d'Armata et Frank Martin pour les 3 épisodes suivants est moins sophistiqués, tout en restant dans la même approche. Opeña dessine de manière réaliste, avec un goût certains pour les éléments relevant de la science-fiction. Il sait trouver des postures hiératiques pour les superhéros, sans donner l'impression au lecteur qu'il les a déjà vues des dizaines de fois. Il se limite à des expressions du visage en retenue, sauf quelques expressions malicieuses pour Tony Stark, très enjoué à l'idée de pouvoir innover. Par comparaison, les 3 épisodes dessinés par Adam Kubert semblent moins sophistiqués, plus ordinaires dans la composition des pages, et les postures des personnages, ou tout du moins plus classiques. Cela reste un travail assez personnel et d'un bon niveau qui ne nuit pas à l'immersion, mais qui n'apporte pas non plus une augmentation qualitative à l'égale de celle apportée par Opeña et White.

À l'issue de ces 6 épisodes, le lecteur en ressort avec des étoiles plein la tête, un élargissement de son horizon à l'échelle cosmique, des possibilités infinies s'ouvrent pour les futures missions de cette équipe. Il lui tarde de repartir aux cotés de ces individus efficaces et bien organisés, alors qu'une aventure d'une ampleur inimaginable les attend. À coté des séries "Avengers" et "New Avengers", il existe également une série militant pour le rapprochement entre mutants et superhéros (Uncanny Avengers, à commencer par The Red shadow de Rick Remender) et une série associant 2 superhéros différents par histoire (A + X, à commencer par Awesome, des team-up). Si vous êtes encore en manque d'Avengers, il y a "Avengers arena" de Dennis Hopeless (à commencer par "Kill or die") et "Young Avengers" de Kieron Gillen (à commencer par Style > substance). Et juste pour le plaisir : "Secret Avengers" de Nick Spencer.
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