Traduire est une leçon d’humilité. Comme auteure, il faut s’effacer devant le style de la personne que l’on traduit. Comme intellectuelle, il faut se couler dans la façon de penser d’une autre intellectuelle. Comme Blanche, il s’agissait de rendre le mieux possible les idées d’une féministe noire qui non seulement veut retrouver sa voix mais veut rendre compte des idées occultées, supprimées ou rendues inaudibles des femmes noires étasuniennes
Il s’agit maintenant aussi, et l’opération est toujours problématique, de fournir à travers le féminisme un contexte où ces expériences qui ne trouvent pas toujours les mots pour le dire, sans parler de se faire comprendre ni l’autorité pour faire entendre ce qu’elles ont à dire, de s’exprimer
je voulais faire un livre intellectuellement rigoureux, bien documenté tout en demeurant accessible à un public plus large que les quelques privilégié·e·s qui ont reçu une éducation supérieure
Afin de saisir l’enchevêtrement de la race, du genre et de la classe sociale dans la vie des femmes noires et son effet sur la pensée féministe noire, je refuse de fonder mon analyse sur une seule tradition intellectuelle
sans cette implication dans le quotidien, la théorie présente dans ce ouvrage se serait trouvée grandement appauvrie
Je pressentais que les Africaines-Américaines avaient créé un savoir collectif qui servait ce même objectif de contribuer à l’empowerment des femmes noires.
dans cette nouvelle édition, mon analyse va au-delà de la race, de la classe ou du genre pour traiter de la sexualité comme forme d’oppression
Plus spécifiquement le féminisme noir des Etats-Unis doit saisir les points communs qui unissent les femmes afrodescendantes tout comme les différences qui émergent de nos diverses histoires nationales
chaque groupe identifie l’oppression qui lui est la plus familière comme celle qui est fondamentale et confère moins d’importance aux autres