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Critique de sandrine57


A l'heure où la mort vient frapper à sa porte, il est temps pour Itzig Finkelstein de rendre des comptes, de raconter comment ce rescapé des camps de la mort, ce sioniste de la première heure, ce bon mari et père, ce coiffeur bien établi, ce héros de la guerre civile de 1947, de la guerre israëlo-arabe de 1948, bref comment ce bon juif, bien sous tous rapports est né Max Schulz, un aryen pur souche qui a usé du plus machiavélique des stratagèmes pour sauver sa peau de nazi.

Peut-on rire de tout ? Oui ! répond Edgar Hilsenrath.
Oui, on peut rire de la Shoah. Rire pour ne pas pleurer. Rire pour prouver qu'on a survécu, qu'on est toujours debout, qu'on est plus fort que la haine.
Alors pour raconter Hitler, le nazisme, les camps, pour évoquer la naissance d'Israël, les kibboutz, la cohabitation difficiles avec les voisins arabes, Hilsenrath a choisi le cynisme, l'humour noir, l'absurde, et un ‘'héros'' débrouillard, tour à tour nazi et juif.
Max Schulz est un Allemand pure souche. Son foyer n'est pas des plus aimants, sa mère se prostitue, il voit défiler les beaux-pères. Pour fuir cette ambiance malsaine, il se réfugie chez son ami Itzig Finkelstein qui grandit dans une famille juive traditionnelle.
Entraîné par la folie du national-socialisme, Max commet le pire pendant la seconde guerre mondiale et, quand le vent tourne, il va se servir de cette amitié reniée depuis belle lurette. Max a suffisamment fréquenté la famille Finkelstein pour connaître les rites, la langue, les habitudes des juifs. Alors qu'Itzig était blond comme les blés, Max souffrait d'un physique sémite qui l'a longtemps desservi. Désormais, il va mettre en avant ses cheveux noirs et son nez crochu pour se faire passer pour juif, fuir l'Europe et trouver refuge en Palestine. Là-bas, il devient un fanatique sioniste et nul ne conteste sa judaïté.
C'est là tout l'art de l'auteur qui montre le grotesque des préjugés raciaux et se joue de la victimisation des juifs. Son esprit critique et son cynisme frappe les Allemands aussi bien que les sionistes, disséquant les mauvais penchants de chacun des deux camps.
Le nazi est le barbier est une oeuvre riche et originale qui offre bien des perspectives de réflexion. Elle étonne, elle secoue, elle dérange, elle choque, elle fait rire jaune et, surtout, elle est une mine de renseignements sur la création de l'Etat d'Israël. En ces temps troublés, c'est une piqure de rappels des erreurs du passé et de décisions prises dans l'urgence dont les conséquences sont encore présentes aujourd'hui. A découvrir absolument.
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