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Critique de belette2911


La violence est-elle héréditaire ? Bonne question… Vous avez trois heures pour y répondre.

Il est des drames qui nous laissent souvent sans voix, ou qui nous donnent, au contraire, l'envie de hurler : les crimes familiaux.

Qu'est-ce qui peut bien se passer dans la tête du père ou de la mère qui décide d'assassiner ses enfants, avant de se suicider ensuite ? (quand ils y arrivent, parfois, ils se loupent).

Ce polar va lentement, il prend le temps de nous immerger dans la société finnoise, qui, vu sous cet angle, ne fait pas rêver : alcool, misère, femmes qui semblent sans droits, maltraitées, enfants battus…

Et les enfants battus reproduisent le même schéma, dans cette histoire, ou alors, sont en lutte permanente pour garder leur violence sous le boisseau. Ou ce roman s'est focalisé sur une frange de la population afin de donner de la matière à son récit, ou alors, la Finlande n'est pas ce que l'on croit.

Le personnage principal n'a rien d'un héros, que du contraire : Lauri Kivi est journaliste aux affaires judiciaires d'un grand quotidien. Il est froid, renfermé, a vécu une enfance merdique et malheureuse, semble détaché de tout. Son comportement m'a laissé plus d'une fois sans voix. Difficile de s'attacher à lui, même si on comprend son attitude.

C'est en voulant écrire un article sur les familles touchées par des crimes familiaux, afin de mettre en avant les dommages collatéraux, que le récit va l'entraîner dans une tout autre histoire.

Alors que je m'attendais à ce que le scénario prenne un certain chemin, il m'a surpris en choisissant une autre voie. Bien vu, au moins, j'ai été surprise.

Ne vous attendez pas à lire un thriller trépidant qui court dans tous les sens, comme je le disais plus haut, l'auteur prend le temps de poser les personnages, d'inclure des flash-back de l'enfance de Lauri et d'un autre enfant (dont nous connaîtrons l'identité plus tard), de poser les fondations de son récit, de nous montrer que les dégâts collatéraux dans les familles de l'infanticide sont immenses (mis au ban de la société, montré du doigt…).

Les personnages sont travaillés, ni tout à fait blanc, ni tout à fait noir, pas de manichéisme. L'auteur a esquissé ses personnages tout en finesse, les dotant de caractères ambigus et nous offrira des émotions fortes durant les confrontations entre Lauri Kivi et son paternel malade, atteint d'Alzheimer. Cela demande une force incroyable que de pardonner à celui qui vous a battu.

Le final est, lui aussi, travaillé, il ne débarque pas comme un cheveu dans la soupe, l'auteur ayant pris soin de lui donner de l'épaisseur, sans qu'il devienne trop lourd.

Il clôt aussi son roman de manière à ce que les lecteurs/lectrices ne restent pas sur leur faim, frustrés de ne pas avoir le fin mot de l'histoire, même si pour certaines choses, nous aurons la liberté de choisir la voie prise par certains personnages.

Un polar finlandais qui prend le temps, qui ne se presse pas et qui met en scène la vie sociale finlandaise, qui ne fait pas rêver du tout. C'est un polar social où les petites gens vivent dans l'alcool, l'excès de religion (à géométrie variable), le non-respect des femmes et où l'on ne sait pas toujours les drames qui peuvent se jouer dans les familles qui semblent respectable.

Il m'aura juste manqué l'attachement au personnage de Lauri Kivi… Une broutille, comparée à la densité de ce roman fort sombre.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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