C'est avec
My Broken Mariko que l'autrice
Waka Hirako est présentée pour la première fois au public francophone. D'abord, je tiens à féliciter les éditions Ki-Oon pour leur travail d'édition, leur curiosité et son prix démocratique de 10 euros pour un grand format. L'histoire peut se résumer ainsi : Tomo est une jeune employée qui n'aime pas beaucoup son emploi. Alors qu'elle mangeait des nouilles dans une quelconque gargotte de Tokyo, elle apprend via la télé le suicide de sa meilleure amie, Mariko. La nouvelle bouleverse la jeune femme et, emportée par ses émotions, elle décide d'honnorer les cendres de feu sa meilleure amie à sa manière. Pour ce faire, elle se rend au domicile des parents de sa meilleure amie et arrache l'urne funéraire de Mariko à son père qui la maltraitait et abusait d'elle. Car oui, si Mariko s'est suicidée c'est en partie à cause de ce père imbu de lui-même qui a battu et vi*lé sa propre fille. Une fois les cendres de Mariko récupérées, Tomo se rend au bord de la mer pour y disperser les cendres de Mariko, dernière adieu à cette amie qu'elle n'a pas su protéger des autres et d'elle-même. Emportant avec elle les nombreuses lettres que son amie défunte lui avait écrites, les souvenirs des moments passés ensemble affluent à la relecture de ces lettres dans la tête de Tomo. Les flashbacks sont distillés avec talent par l'autrice et l'on apprend à connaitre Mariko à travers Tomo qui est un personnage très charismatique et touchant par son écriture au point qu'elle scelle en elle son vécu et celle de sa meilleure amie. Mariko était battue et vi*lée par son père, malmenée par son ancien copain et elle en arrivait même à se mutiler. On l'aura compris, ce récit est une dénonciation des injustices d'une société où la femme est parfois réduite au silence. Comme le dit l'autrice dans l'interview après le récit, elle a à coeur quand elle écrit des récits à aller du micro au macro en abordant des sujets de société. Ce récit parle donc de deuil, de regrets, de violences faites au femmes et d'injustice en général. Mais la particularité de ce récit comme d'autres l'ont relévé, c'est l'attitude de Tomo, l'héroine face aux éceuils du deuil et de la tristesse. Tomo va de l'avant, elle reste positive, elle sait aussi chialer un bon coup quand les sentiments la submergent mais elle refuse de renoncer et de stagner. En ce sens, cela change de la représentation habituelle du deuil.
Côté dessin, il faut reconnaitre que l'autrice maitrise très bien les expressions faciales de ses personnages. le mouvement est dessiné avec beaucoup de nervosité et d'énergie, on sent l'inspiration cinématographique. Je dois néamoins évoquer parfois les traits des personnages qui font enfantin, ce qui m'a sorti du récit qui se veut tragique et difficile.
En conclusion, ce fut une lecture intéressante et je suis content d'avoir découvert cette autrice qui se démarque de ces collègues masculins. Si d'autres de ces mangas sont édités, j'y jetterai un oeil car je trouve qu'il y a du talent et une vision artisitique pertinente chez Hirako. Néamoins, j'ai trouvé le récit un peu court et il ne m'a plus émoustillé que ça.