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Critique de Isacom


"Materena ! gueule Pito en vacillant sur le seuil. Ahhh, Materena, bafouille-t-il maintenant, les yeux rouges, les jambes molles. Épou-pouse-moi, Materena."
Ça, c'est stylé comme demande en mariage, vous avouerez.
Un peu de contexte : nous sommes dans la banlieue de Papeete, Pito rentre à la maison bourré (vous l'aviez deviné). Materena et lui vivent ensemble depuis 13 ans et ont trois enfants déjà grands.
Et pourtant, ça va la faire rêver, Materena : moitié pour la respectabilité (l'alliance, le "Madame Tehana"), moitié pour la preuve d'amour... C'est une grande sentimentale.
Le fil conducteur de ces chroniques polynésiennes, c'est donc la préparation du mariage par la seule Materena et dans le plus grand secret ; parce que sinon, "Radio-Cocotier"... tout le monde va en parler, alors que le futur époux, lui, a déjà oublié sa promesse d'ivrogne.
Dans chacun de ces courts chapitres on la voit donc rencontrer dans le quartier de nombreux membres de la famille élargie. Dans des conversations savoureuses, pleines d'humour et joliment ponctuées de mots polynésiens, elle tâte le terrain pour connaître le prix d'un lit king size, d'un gâteau de mariage, d'une DJ pour la soirée... et savoir qui pourrait l'aider à financer tout cela. Car la solidarité familiale, c'est la seule chose qui permet de tenir.
Et ce faisant, l'autrice nous dépeint un tableau, loin d'être idyllique, de la vie à Papeete : pauvreté, électricité coupée et courses minimum ; hommes oisifs buvant des bières toute la journée tandis que les femmes s'échinent à maintenir la maison propre, des repas sur la table, leur dignité.
J'ai été étonnée de lire que L'arbre à pain serait un "feel-good book". Certes, il est écrit avec drôlerie et légèreté, mais pour ma part, en tant que métropolitaine, il m'a plutôt fait sentir mal en décrivant l'injustice sociale et la déculturation qui règnent... grâce à la France.
Traduction réussie d'Henri Theureau.
Challenge Globe-Trotter (COM : Polynésie)
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