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Critique de louji


Voilà la fin pour la trilogie des Aventuriers de la mer ! Conformément à ce que promettaient les 2 tomes précédents, les personnages, les événements ont convergé vers un même instant pour se réunir face aux grands changements de leur monde. J'ai suivi avec plaisir les personnages introduits dès le T1, leur évolution crédible, rarement douloureuse, vers les figures que l'on rencontre dans la suite de L'Assassin Royal. Parce que, oui, j'ai lu les 3 trilogies sur Fitz avant les ADLM alors je connaissais déjà Hiémain, Althéa, Brashen, Etta, Maltra, Reyn... Il y a eu des avantages et des inconvénients à lire les ADLM en dernier, alors qu'on conseille de lire cette trilogie juste après celle de L'Assassin Royal. Mais je ne les avais pas sous la main à l'époque, alors je ne m'y étais pas attardée. D'un côté, je savais donc ce que devenaient les personnages et les Vivenefs, certains rebondissements ne m'ont autant touchée que prévu. de l'autre, j'ai pris un plaisir immense à assister à l'envol de certains personnages, à les suivre dans leurs victoires et leurs échecs. Longtemps, je me suis demandé comment tel ou tel personnage pourrait devenir celui que j'avais rencontré plus tard. Puis les chapitres avançaient, les événements convergeaient et la destinée se mettait doucement en place sous mon nez.

Les personnages, c'est vraiment la clé des ADLM à mes yeux. Je n'ai pas été tant transcendée par ces histoires de Marchands, de navires, de serpents et dragons, de combats politiques… Je préfère l'ambiance de l'Assassin Royal pour le coup, plus sombre, moins prise de tête sur divers points. Mais les personnages des ADLM ont un charme particulier, c'est indéniable. Ce charme, ils l'acquièrent grâce aux PDV que R. Hobb leur offre. Plus de narrateur interne, chaque personnage important a le droit à des scènes de son PDV. On entre complètement dans leur tête, dans leur psychologie, dans leurs ressentis. Et Robin Hobb est merveilleusement brillante pour cerner la nature humaine et ses motivations. Elle se met aussi bien dans l'esprit d'un génie torturé par son passé et incapable de faire changer ses vices, d'une jeune femme en devenir passant d'une privilégiée insouciante à une future reine ambitieuse, de bateaux en proie aux doutes à cause de leur identité multiple, d'hommes égarés par la vie, perdus sur le chemin qu'ils souhaitent suivre et tant d'autres… Je reste franchement admirative de la façon dont R. Hobb parvient à nous faire comprendre ses personnages, à mettre les mots justes sur leurs motivations et leurs ressentis. Et ce T3 n'épargne pourtant pas nos protagonistes : ils sont tour à tour violeurs et violés, meurtriers et assassinés, esclaves puis capitaines, soumis puis conquérants.

La thématique très dure du viol et est beaucoup abordée dans ce tome, tant du PDV des hommes et des femmes, des victimes et des responsables. C'en est franchement glaçant, mais c'est aussi nécessaire je crois. Robin Hobb fait partie des rares auteurs femmes en fantasy de sa génération et nombre de ses confrères sont aujourd'hui décriés pour leur traitement pitoyable des femmes. Et pour leur manie du viol, souvent injustifié, toujours nécessaire à la femme pour s'émanciper, rarement puni. Bref, à pleurer. Mais Robin Hobb remet les points sur les i : les femmes sont les personnages les plus présents parmi les protagonistes des ADLM, ce sont celles qui évoluent le plus et le plus loin dans les responsabilités. Elles ne sont pas toutes épargnées par de terribles épreuves et si viol advient, il est porteur d'énormément de sens pour d'autres personnages. Il permet à certains d'entre eux de se dévoiler dans leur monstruosité, dans leur refus de la réalité. Pour moi, la trilogie des ADLM est résolument féministe, plus que L'Assassin Royal et que nombreux autres titres de fantasy. Et puis les femmes qu'on suit… quel plaisir de voir leur diversité, leurs volontés à chacune, leur émancipation et leur envol. Certaines étaient déjà libres au début de la série, mais d'autres étaient étouffées par leur famille, par leurs devoirs, par leur passé. Bref, c'est avec un soulagement au coeur qu'on referme le bouquin, en sachant que ces femmes-là ont changé le destin de leur monde. Petite mention spécial à Ambre/Le Fou qui est pour moi le personnage le plus complexe de tout l'univers de R. Hobb et qui aborde certaines thématiques qui étaient encore plus délicates que le féminisme avant les années 2000. Je ne spoile pas dans mes chroniques, mais, dans l'idée, on y parle d'identification du genre, d'amour romantique mais non sexuel… Bref, des notions encore plus rares en fantasy. Tout ça abordé avec la subtilité et l'ouverture de Robin Hobb (mais quelle femme, je l'admirerai éternellement).

Pour mettre un petit point de conclusion, je ne mets pas de meilleure note à ce bouquin, car certains passages auraient pu être raccourcis à mes yeux. Et que l'ambiance générale maritime n'est pas celle que je préfère. Mais ça reste de la très bonne fantasy évidemment !

Lien : https://littcentcinquante.wo..
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