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Critique de horline


Avec L'animal et son biographe je découvre l'univers de Stéphanie Hochet. Un univers déroutant, riche en symboliques qui se reflète dans sa façon singulière de jouer avec un imaginaire fantasmatique mêlant mythologie animale et recoins obscurs de l'esprit humain.
Ce n'est pas du chamanisme ni du vaudou, l'auteure recourt à l'écriture suggestive pour nous imposer un récit autrement plus inquiétant qui puise dans l'idéologie nazie alors que rien ne le présageait dans la tournée des festivals d'été dans le Sud-ouest à laquelle participe la narratrice écrivaine.
Après les tongs en bord de plage, on s'engage sur le chemin de l'étrange et l'intérieur des terres où la pratique de la chasse est vivace et un village mystérieusement fasciné par l'aurochs. Dans ce pays de grottes préhistoriques, la trajectoire de la narratrice dévie vers une espèce d'interminable « espace du milieu ». le temps s'écoule lourd comme du plomb, on suit l'écrivaine et sa folle et inexplicable obstination à marcher dans les pas du maire dans un projet ou un labyrinthe_s'il faut absolument placer la référence au mythe du Minotaure_ qui enferme dans une relation proie-prédateur.

C'est le genre de récit dans lequel on progresse à pas de loup, où tremble la raison, l'angoisse n'est pas destinée à entraîner le lecteur sur les voies du surnaturel mais à déchiffrer les pulsions secrètes et les motifs cachés des personnages. L'idée était prometteuse au regard des nombreuses thématiques brassées dans cette histoire.
Mais la construction me laisse un peu dubitative. L'auteure alterne entre une écriture élusive qui refuse d'emplir tout l'espace du récit pour injecter de la tension et un style pesamment didactique qui écrase la narration. Elle ne parvient pas à rattraper ce déséquilibre dans l'évolution des personnages, chacun se voit assigné à son rôle fonctionnel avec la projection sur la silhouette de l'édile de tous les ressorts du virilisme et de la symbolique mythique du pouvoir, un pouvoir autoritaire. Quant à notre narratrice, elle se voit emprisonnée dans le rôle d'une femme passive, faible et inconstante, une femme gouvernée par ses émotions.
Il n'en demeure pas moins un roman iconoclaste, féroce et cruel.
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