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Critique de ServaneP


Passionnée de voyages et surtout de ceux qui permettent de rencontrer des gens aux quatre coins de la planète et de pouvoir partager leur culture, échanger nos points de vue sur la vie ou tout autre sujet que l'on puisse aborder (pas toujours facile, dans certains pays, pléthore de sujets sont tabous) j'aime aussi les récits d'aventure ou les partages d'expérience à l'étranger.
C'est donc assez naturellement que j'ai acheté ce livre, plutôt encensé par les critiques que j'ai pu en lire, et alors, moi, je n'ai pas du tout, mais pas du tout aimé !
Je m'explique :

Cette histoire est très simple à résumer, c'est celle d'une femme qui, « par amour »pour un guerrier Samburu, quitte tout pour aller vivre au Kenya. Ok, donc, de jolis moments à partager, un apprentissage inédit de la vie dans une tribu.
Eh bien non…on est très loin de l'émotion que l'on serait en droit d'attendre d'un récit comme celui-ci et je dois avouer que j'ai rarement été aussi en colère juste en lisant !
Passons rapidement sur l'écriture, simple et factuelle, qui ressemble plus à un rapport de stage qu'à l'évocation d'une expérience humaine hors du commun.
Et puis, il y a l'histoire en elle-même…j'ai rapidement détesté cette femme au comportement de midinette, qui, dès le début de son aventure fait preuve d'une inconscience et d'une légèreté vis-à-vis de ceux qui l'entourent. Après avoir croisé le regard d'un Guerrier Massaï, paré de ses attributs pittoresques, Corinne Hofmann a un coup de foudre et décide, sur le champ, de tout plaquer : son compagnon du moment…sympa…son appartement, son magasin, sa vie en Suisse …jusque-là, même si sa façon d'agir n'est pas très élégante, pourquoi pas…
Sauf que le fameux guerrier dont elle est « tombée amoureuse » n'a rien demandé lui, et qu'elle va s'imposer dans sa vie ,faisant fi d'une culture dont elle ne connaît aucun rouage, de la (des) barrière(s) de langue (car, pas plus qu'elle ne parle le dialecte local, elle ne maîtrise l'anglais ) et de l'état d'âme de ceux ou celles qu'elle va croiser sur son parcours…passés les premiers moments où l'excitation liée au dépaysement, au déracinement et aux hormones-car il faut quand même être clair à un moment donné ! – elle aura tout le long du récit, une condescendance voire un mépris franchement désagréables pour cet homme, dont, dit-elle, elle est éperdue.
Avec sa culture de femme libre européenne, elle va cumuler les fautes culturelles et de goût, en imposant sa façon de fonctionner dans le couple et dans la vie Kenyane, foulant au pied les choses qui ne lui plaisent pas dans cette autre culture.
Pas étonnant donc, que cette expérience finisse en psychodrame et d'ailleurs, de la même manière qu'elle avait plaqué son premier compagnon, elle fuira le Kenya de façon tout aussi moche, avec une enfant qu'elle aura mise au monde entretemps, sans jamais se remettre en cause et rejetant la faute de cet échec sur l'autre, toujours l'autre.
Certes, elle a eu l'audace de tenter l'expérience, la pugnacité de rester malgré des épisodes compliqués -de Malaria notamment- mais ce que je retiens, moi :
C'est qu'elle a totalement chamboulé
L'équilibre d'un village tribal ,en y créant un magasin amenant des denrées jusque-là inaccessibles aux locaux, ce qui est plutôt pas mal si elle ne les avait pas plantés du jour au lendemain, les laissant à leur triste sort ,sans aucun état d'âme.
L'équilibre d'un homme dont elle ne partageait absolument pas la culture, ce qui petit à petit va amener celui-ci à boire, entre autre chose et à développer une jalousie maladive, par rapport à des situations qui le dépassent.
L'équilibre des relations entre le tourisme et les gens du cru (comme elle avait pas mal d'argent et le dépensait un peu n'importe comment, pour améliorer son confort et changer le mode de vie de son compagnon, d'autres africains se sont mis petit à petit à se proposer comme « Boy Friend » dès que des européennes débarquaient sur le continent , pas fous ! )
Quand je pars à l'étranger et que je tombe sur ce type de comportement de la part des locaux, ça a vraiment le don de m'agacer mais, après avoir lu ce livre, je comprends que la faute originelle vient de personnes comme cette femme, qui rendent aujourd'hui le voyage de femmes seules plus compliqué et épineux qu'il ne l'a jamais été.
Donc, oui, elle a eu le « mérite » d'aller jusqu'au bout de son « rêve » africain, mais j'aurais aimé qu'au moins, elle reconnaisse la chance qu'elle a eu d'avoir à ses côtés des personnes désintéressées qui l'ont aidée plus souvent qu'à leur tour :les missionnaires, les femmes des villages , les hommes et enfants qui l'ont sortie plusieurs fois de situations qui auraient pu très mal tourner et pour qui, elle n'a pas même une once de reconnaissance. Et qu'elle se remette en question au vu des dommages collatéraux qu'elle est la seule coupable d'avoir suscités. Et qu'elle cesse de se dédouaner en distribuant de l'argent.
Si j'en juge par les commentaires beaucoup moins élogieux des deux autres livres qu'elle a écrits, ce que j'ai ressenti en lisant celui-ci est confirmé.
Ce livre, je ne le conseille donc pas, tant c'est un récit égoïste et dénué de chaleur.
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