AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Munin


Munin
06 septembre 2011
L'élément commun aux récits de ce cycle est un petit bosquet en Angleterre, la forêt de Rhyope dans le Herefordshire, le plus rural des Midlands de l'Ouest. Ce petit bois est en fait très ancien, le dernier reliquat d'une forêt primaire qui conserve encore bien des secrets. Car s'il est facile de faire le tour du petit bois, il s'avère en revanche impossible de le traverser : on se perd dans les sous-bois, on revient sur ses pas, et, si l'on persiste à continuer, on s'aperçoit que le paysage n'a aucun rapport avec la campagne anglaise : vallées enneigées, collines boisées, châteaux en ruine dressés au milieu de clairière... le voyageur est transporté à travers l'espace et le temps, et les règles naturelles sont complètement bouleversées. La forêt n'est pas inhabitée : les esprits des contes et légendes semblent y avoir élu domicile, et elle semble être en lien avec l'inconscient collectif. Les romans du cycle mettent en scène des riverains de la forêt, en proie au mélange d'attirance ou de répulsion que la forêt exerce.
Chaque fois que je repense à ces livres, ou que je me replonge dedans, je perçois des odeurs : odeurs des sous-bois après la pluie, odeur des champs de blé par un après-midi d'été, odeur de neige et de bois mouillé, et d'autres encores. Quelque soit le récit du cycle dans lequel on les trouve, les images rémanentes persistent longtemps après avoir reposé le livre : Holdstock est un superbe écrivain, et son pouvoir d'évocation n'a rien à envier à celui de Gene Wolfe.
La forêt de Rhyope est une création fascinante, d'une grande complexité : les liens entre mythagos et légendes, les paradoxes, le chamanisme et les théories jungiennes, se télescopent, mais sans que jamais les personnages ne perdent leur humanité. La forêt aurait pu atténuer les éléments dramatiques du récit, ou ceux-ci n'être qu'une justification, mais Holdstock dose parfaitement son récit : la relation des frères Huxley avec Guiweneth, de James Keeton avec ses deux enfants, Harry et Tallis, d'Alex Bradley et son père Richard, toutes sont au centre des récits. Ces liens entre les trois familles que l'on trouve au centre des récits sont détaillés sur plusieurs générations, sans ordre chronologique particulier, mais ceci ne gêne en rien la lecture.
Cependant, la plus grande qualité de l'oeuvre est l'intelligence avec laquelle l'auteur manipule les mythes, les mélange, les déconstruits en leurs éléments constitutifs pour les recomposer de façon différente, sans rien perdre de leurs saveur : violence et sensualité, humour et sagesse ancestrale, mysticisme et quête de soi, tous ces adjectifs s'appliquent à la série. Les lecteurs érudits (ce que sont les rôlistes) s'amuseront d'ailleurs des références et des mélanges que fait Holdstock des mythologies.
Surprenante, originale, unique : l'oeuvre est un monument de la Fantasy, dans l'acceptation anglo-saxonne de ce terme, qui recouvre bien d'autres choses que des histoires de hobbits en vadrouille.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}