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Critique de MarionBookology


Barbara, jeune fille ambitieuse au physique de pin-up, rêve de suivre les pas de son humoriste préférée, Lucille Ball. Avec une seule idée en tête : quitter la petite bourgade de Blackpool pour donner corps à son rêve d'humoriste. A une époque où la plupart des femmes n'aspirent qu'à un bon mariage, Barbara fait figure d'électron libre dynamitant sur son passage, et sans en avoir l'air, les conservatismes d'une société anglaise en plein virage des sixties.
Qui n'a jamais regardé une de ces comédies romantiques pétillantes qui éloignent le cafard du dimanche soir, qu'on désigne communément sous le nom de feel good movies? Il n'est pas certain qu'il existe l'équivalent en littérature, mais Funny Girl pourrait en faire partie, la profondeur politique en plus. A l'image de son personnage principal Barbara qui derrière son apparence ingénue de pin-up impose avec force ses convictions.
Funny Girl c'est l'histoire de l'ascension d'une femme à l'humour décapant dans un corps de bimbo. Ou comment une girl next door devient la coqueluche de tout un pays grâce à une comedy playhouse – ou une sitcom en langage vulgaire – de la BBC, Barbara (et Jim). Les parenthèses ont leur importance, parce qu'une fois n'est pas coutume, le premier rôle est féminin.
En incarnant le stéréotype de la jeune épouse provinciale, au bon sens terrien, aux opinions plutôt conservatrices, la vraie Barbara – rebaptisée Sophie Straw pour la scène – va pouvoir s'émanciper de cette vie qu'elle ne souhaitait pas. Mais attention l'actrice n'est pas un archétype de papier, une Simone de Beauvoir à la sauce Swinging London, mais une femme bien réelle, parfois un peu perdue, tiraillée entre sa soif d'indépendance, son besoin de reconnaissance et aussi un sérieux manque d'affection.
Funny Girl c'est aussi la petite histoire au sein de la grande. La prouesse de Nick Hornby est de ressusciter, à travers de multiples saynètes humoristiques et légères, une époque, de capturer l'air du temps. le succès de la série Barbara (et Jim) tient d'ailleurs pour beaucoup à sa représentation d'une société britannique schizophrène, à l'image du couple Barbara et Jim, chacun incarnant une facette d'une même réalité, un élan progressiste timide quant à l'émancipation féminine et un attachement viscéral au passé dans une nation qui tire sa fierté de la perpétuation de ses traditions. Plus que la radioscopie d'une époque, l'auteur, à travers son observation des coulisses d'un succès télévisuel, nous propose une réflexion sur la naissance de la pop culture et comment le divertissement s'est structuré en un marché puissant en s'invitant chaque soir au sein de millions de foyers. Une pop culture si influente qu'elle attire le gratin de l'establishment politique, soucieux d'afficher la passion et les goûts partagés par des millions d'électeurs.
Enfin Funny Girl c'est l'histoire de la fabrication d'un succès télévisuel en révélant les métiers souvent méconnus qui se cachent derrière une série. Notamment à travers le duo infernal de scénaristes et leurs débats sans fin qui révèle toute la saveur de la plume de Nick Hornby. A travers ces dialogues, l'auteur pointe la difficulté de trouver sans cesse la subtile mécanique à même de déclencher le rire, ce qui n'est pas anodin chez un écrivain qui a fait de l'humour sa signature.
Lien : http://bookology.fr/funny-gi..
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