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Critique de Pois0n


Petit livre tout fin de 220 pages, « Le diable et son valet » ne paie à première vue pas de mine, et pourtant... Vendu comme un thriller historique mâtiné de fantastique, la part de surnaturel y est finalement à peine présente. En revanche, pour ce qui est de l'aspect roman noir, Anthony Horowitz s'est surpassé.

Pour avoir lu (et plutôt bien aimé) la duologie David Eliot, on y retrouve ici le suspense, les mystères, un complot, le talent de l'auteur pour poser un décor et son humour délicieusement grinçant. Exit en revanche l'extravagance des meilleurs passages de « Maudit Graal », ici, l'ambiance est beaucoup plus sérieuse.

« Le diable et son valet » tape dans le pur récit historique et réaliste, à grands renforts de détails pas très sexy. Les rues ne sont pas propres du tout, les gens non plus, la variole fait des ravages et la misère comme les criminels traînent partout. Ceci dit, en parlant de sexy et de criminel, mentionnons un certain bandit de grands chemins aux yeux bleu clair, longs cheveux noirs et sourire ravageur, vêtu d'un long manteau en cuir. Pour notre plus grand plaisir, Anthony Horowitz met un point d'honneur à insister sur sa perfection physique... et son caractère n'est pas en reste. Bref, chacune de ses apparitions donne *sacrément* chaud, ce qui tombe plutôt bien, étant donné que cette histoire se déroule en Décembre. Or, Décembre au XVIe siècle, c'est encore moins cool que maintenant. La Tamise est gelée, il pleut et neige dans les maisons à travers les toits percés et bien évidemment, il faut pour la plupart des gens se contenter de maigres couvertures trouées, quand on la chance d'en avoir. le froid suinte des pages et c'est tout juste si l'on ne sent pas la neige congeler nos orteils en direct live.

Mis à part ça, le thème du théâtre ne fait son apparition qu'à la moitié du roman environ. L'auteur prend le temps de poser les bases de son histoire, tout en nous y plongeant tête la première et sans le moindre temps mort, du début à la fin. Malgré un début qui pourrait avoir l'air longuet, l'auteur parvient à maintenir notre intérêt en éveil grâce à ses personnages. Si Tom manque étonnamment de charisme, c'est surtout parce que les autres en débordent, en bien comme en mal. Qu'il s'agisse des repoussants aubergistes qui l'ont élevé, d'un certain assassin ultracanon ou de la haute en couleur Molly qui éclipse tous les autres, ils portent le récit jusqu'à ce que le mystère s'en mêle. Aucun passage n'est inutile ; tout, dans le cheminement de Tom, est logique. Jamais l'on n'a l'impression que l'adolescent est trop chanceux, il n'y a pas non plus de coïncidences dans cette histoire. Et si certains ressorts de celle-ci sont indéniablement beaucoup trop prévisibles (entre le prologue et les indices pas vraiment discrets distillés un peu partout au fur et à mesure du récit), le suspense va néanmoins croissant. Avoir compris avant Tom de quoi il retourne ne permet pas de prévoir l'issue du récit, et autant prévenir, Anthony Horowitz ne ménage pas nos nerfs !

« Le diable et son valet » est donc clairement un coup de coeur, même si tout ça manque un peu d'originalité et d'audace. L'intrigue est tout compte fait ultra classique (en plus d'être aisément devinable) et même si le plaisir de lecture demeure indéniablement intact, on aurait aimé être un peu surpris. C'est bien la seule chose qu'il y a à reprocher à ce thriller historique léché, labellisé jeunesse mais pas édulcoré pour autant, au décor ciselé par de nombreux détails.
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