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Critique de reveline


La première nouvelle « Ombre blanche » est un conte nordique au charme étrange et à l'écriture particulièrement vivante : la scène d'ouverture en est un modèle du genre, parvenant à nous présenter décors, personnages et enjeux en quelques pages. de plus, la brièveté de la nouvelle (environ 80 pages) n'empêche pas l'étude psychologique approfondie des personnages principaux : les jumeaux Sweyn et Christian. L'histoire parvient à échapper à la majorité des poncifs et revient aux fondamentaux des lycanthropes, bien loin des séduisants métamorphes de la bit-lit actuelle et cela est très rafraichissant.


La seconde nouvelle « La Mer inconnue » m'a paru beaucoup moins séduisante, plus quelconque. Pas seulement parce que le début en est long et descriptif mais surtout parce que le récit nous est donné à lire amputé d'une dizaine de chapitres. La fin, qui amorce un passionnant virage dans le récit, arrive bien trop rapidement et laisse un goût amer de frustration dans la bouche du lecteur. J'espère pouvoir me procurer un jour le roman complet de Clemence Housman pour connaitre la suite des aventures du marin Christian et de sa belle et cruelle sorcière des mers.



Si je craignais que ce roman soit daté et pompeux, j'avais tort. le style est plaisant et fluide, un brin subversif.



Deux bémols sont toutefois à apporter : le manque de surprises des deux récits et surtout leur ton très moralisateur. La religion et son corollaire la peur du diable, ainsi que les superstitions populaires qui en découlent, encouragent la stigmatisation de la femme belle, désirable et forte, qui se révèle forcément être une créature démoniaque puisqu'elle éveille des pulsions sexuelles chez les hommes. Cette diabolisation de la femme est typique des récits fantastiques du XIXème siècle (c'est d'ailleurs l'objet de ma thèse universitaire et la raison principale pour laquelle j'ai souhaité recevoir ce livre en partenariat). Curieusement, bien que devenant plus tard l'une des figures de proue d'un féminisme anglais balbutiant et une suffragette acharnée, Clemence Housman cède donc à la misogynie de l'ère victorienne. Mais pas plus que les autres auteurs de l'époque, c'est pourquoi on lui pardonnera bien volontiers.


N'omettons pas de souligner également la beauté audacieuse et quelque peu morbide de ces étranges gravures, illustrations à la fois fascinantes et dérangeantes des deux nouvelles, qui accompagnent les textes tout en leur conférant un inestimable cachet qui contribue à faire de cet ouvrage, un très bel objet.
Lien : http://labibliothequeanuages..
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