Voici un roman de taille moyenne qui conviendrait à des jeunes lecteurs entre dix et quatorze ans qui voudraient appréhender comment en Belgique l'Occupation fut vécue. le récit permet de deviner qu'une situation proche de celle vécue en France divisa ce pays entre partisans de l'Allemagne et résistants. Jacky âgé de dix ans, qui a déjà perdu ses parents lorsqu'il était très jeune, voit ses grands-parents mourir lors de l'Exode alors qu'il est dans un village français. Il est recueilli par une famille catholique du Hainaut mais est bientôt obligé d'aller vivre à Bruxelles dans la maison de sa famille avec un industriel mécréant qui argue d'avoir connu très bien sa famille pour s'en occuper (dans l'espoir de profiter de la fortune dont il hérite). Il découvre là un milieu très favorable à la victoire de l'Allemagne et cela le heurte profondément car ses grands-parents sont morts sous les balles d'un avion du IIIe Reich. Les circonstances vont l'amener à rendre des services à la Résistance. Ce récit a été écrit en 1947 et il rend bien l'atmosphère d'une époque, la dimension catholique présente rappelle l'importance que la religion pouvait avoir à cette époque. Une grosse partie du récit a pour cadre le village de Loverval, situé sur la commune alors rurale de Gerpinnes (dans la province du Hainaut) et Bruxelles. Les historiens belges nous disent que Gerpinnes fut durant la Seconde Guerre mondiale un lieu clé pour la Résistance belge.
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D’ailleurs qu’avons-nous à craindre ? Les forces de l’Axe ont nettement le dessus et ce sont elles qui gagneront la guerre. J’ai toujours pensé que, quand frappe la cognée … il vaut mieux se trouver du côté du manche.
J’ai été fait prisonnier lors de l’armistice … oui, le régiment s’est fort bien battu jusqu’au bout … Alors, ils ont voulu m’emmener en Bochie, mais j’ai pu tromper la vigilance des sentinelles, en cours de route, avec presque tout mon peloton … ce qui en restait, du moins.
J’ai encore quelque part une vieille lettre, datant de la mort de madame Ronquières, où elle me confie ses inquiétudes au sujet de son fils ; elle est faite en des termes qui pourraient passer pour une prière de veiller sur lui.
Là-dessus, les yeux gris se sont clos et je n’ai pas insisté, pour lui éviter la fatigue, mais j’ai prié, moi, pour ces deux sceptiques qui ont paru devant Dieu et pour mon petit bonhomme qu’ils ont écarté de la foi.
Derrière elle, trois paires de grands yeux regardaient, pleins d’une curiosité sympathique, le petit étranger que ramenait la grande sœur.