« Je fais des excuses. S’il vous plaît. Je dis je suis désolée. Je fais erreur. Je suis nouvelle et c’est facile d’être confuse. Cette ville elle est grande et les gens aiment pas qu’on leur parle comme des amis et c’est tellement cher, même toilettes. Trente pence à Victoria ! Je vous demande de comprendre. Pensez juste… erreur bête. Chaussures sont là et rien n’est perdu. Je vous demande. S’il vous plaît. »
Elle était comme toujours survoltée, on aurait dit qu'elle partait empêcher la fusion d'un réacteur nucléaire et non ouvrir un petit stand de vêtements au marché couvert.
16 « Dave passait toute la journée à regarder les gens et cela lui plaisait ; voir la façon dont les femmes touchaient leur mari, une main posée sur sa poitrine ou chassant sans réfléchir une trace de pellicule, la façon dont les mères traitaient leur filles, les disputes murmurées et les chagrins silencieux. »
77 « Les doigts de Dave, glacés au bout, s’enroulèrent autour des siens dans l’espace sombre et exigu de sa poche… »
79 « elle savait que c’était le moment d’un baiser, mais c’était une chose précieuse qu’il fallait réserver pour une autre fois. »
135 «je réfléchissais, ça donne envie d’être reconnaissant pour chaque jour qui passe.
On ne sait jamais ce qui nous attend. Apprécier tout simplement ce qu’on a, tu comprends. »
175 « je t’aime. Je t’aime tant parfois que j’ai l’impression que je vais en mourir. »
251 « …avec l’impression que son corps n’était plus bon à rien, il voulait l’abandonner….mais il était coincé dedans…. »
277 « …tant sa mère lui avait seriné que, même si on n’avait que deux pence en poche et une seule boîte de soupe dans le placard, on devait continuer à faire comme si on avait les poches pleines de billets de vingt… »
La douleur exquise de se sentir hors de danger, de désirer un autre corps, d’avoir soif d’une odeur, le réconfort de tendre vers tout cela qui lui était donné sans le tranchant de la peur ni la cruauté de l’appropriation.
Ces pensées tournaient en rond dans sa tête comme des rats dont les queues s'emmêlaient, au point qu'elle avait l'impression d'être dévorée vivante.
...il y a des trucs qu’on ne peut pas défaire. C’est comme ça. Dieu sait que j’aurais bien voulu. Mais tu ne vois pas qu’il n’y aurait rien de pire qu’abandonner alors que tu as ça et pas ces autres filles ? Et moi, je ne sais pas combien de chances me sont données, mais j’essaie d’être bien sur ce coup. Je pourrais être bien pour toi si tu me laisses une chance. »
Elle n’avait plus de mots, ne voulait plus se battre. Elle lui prit la main et la posa sur son ventre. Elle s’était entraînée à prononcer la phrase. « Ce n’est pas ton bébé. »
Il retira sa main, regarda derrière lui. Il recula, hocha lentement la tête et elle vit toute sa détermination, toutes ses belles paroles l’abandonner, comme si elles seules l’avaient soutenu. Alena s’écarta. C’était fini.
"Un jour, elle se dit que les trois mots dont elle avait si peur allaient se briser dans sa bouche comme des diables et le terrifier. Alena savait bien juger de l'équilibre des choses et les choses avaient changé."
Les fleurs, les chocolats, ça ne dure que quelques jours. Les bijoux restent.
Il se sentait irréel, vivant par saccades, comme le personnage d'un jeu vidéo qu'on déplace avec des boutons poisseux et qui n'atteint jamais son but.
Comme elle savait que, dès l'arrivée de l'automne, apportant le relent des feuilles mortes, le chauffage et le froid qui chuchote contre la peau comme un mensonge, sa vieille malchance, tapie dans les recoins obscurs qui restaient en elle sans son consentement, reviendrait aussi.