"Vous en concluez que le poison a été introduit dans le gâteau. C'est ça ?" Je ne trouvais pas la force de lui avouer que là non plus, aucune trace de cyanure n'avait été décelée dans les miettes du framboisier. Elle ne m'en a pas laissé le temps, de toute façon. "Un gâteau qui a été partagé en quatre par la victime elle-même ? Laissez-moi rire, mon petit Yann !" Je l'ai laissée. Trois petits gloussements. Puis elle a dit : "Moi je sais comment on l'a empoisonné, ce violoniste !"
Dans l’appartement de Paul Ferrand, au même moment, aucune vrille de fraise ne troublait la musique. Juste une fausse note échappée du violoncelle. Ils étaient quatre en train de jouer le Quartuor n°3 de Beethoven. En entendant la fausse note, les trois autres se sont arrêtés de jouer pour dévisager le fautif qui rougissait derrière son gros instrument.
- Et ben Jacques… a fait Henri d’un ton sévère en décollant son menton de son violon.
Henri toujours à l’affût des moindres erreurs des autres. Henri implacable et féroce vis-à-vis de ce pauvre Jacques qui offrait une cible tellement alléchante, les jambes écartées de chaque côté de son violoncelle derrière lequel il semblait vouloir se dissimuler.