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Critique de miriam


miriam
14 septembre 2014
« Un triple ananké pèse sur nous, l'ananké des dogmes, l'ananké des lois, l'ananké des choses »
1864, Guernesey inspire à Hugo ce roman, à l'échelle de cette petite île Anglo-normande.
« Dans les îles comme Guernesey, la population est composée d'hommes qui ont passé leur vie àfaire le tour de leur champ et d'hommes qui ont passé leur vie à faire le tour du monde. Ce sont deux sortes de laboureurs, ceux-ci de la terre, ceux-ci des mers. »
À part un voyage à saint Malo, il se déroule exclusivement dans l'île et les roches qui affleurent autour du littoral.
Les personnages :
Nombre restreint de personnages :
Gilliatt, barbare antique, « en somme ce n'était qu'un pauvre homme sachant lire et écrire. Il est probable qui'l était sur la limite qui sépare le songeur du penseur, » , Giliatt le malin, le presque sorcier.
Deruchette « un oiseau qui a la forme d'une fille, quoi de plus exquis ».
Son oncle, Mess Lethierry marin devenu notable
, Rantaine et Clubin les associés de Mess Lethierry,
et le révérend Ebenezer.
Doit-on compter pour personnage La Durande, le bateau de Mess Lethierry ?
L'intrigue
L'intrigue aussi est simple, par comparaison avec celle des romans-fleuves de Victor Hugo.
Mess Lethierry construisit un bateau à vapeur faisant la navette entre l'île et le continent : la Durande. Il en retira richesse et notoriété malgré l'hostilité des Guernesiais.
« Dans cet archipel puritain, où la reine d'Angleterre a été blâmée de violer la bible en accouchant par le chloroforme, le bateau à vapeur eut pour premier succès d'être baptisé le bateau-Diable (Devil-Boat) »
Il fut deux fois floué par ses associés, Rantaine qui s'est sauvé avec une partie de la fortune et Clubin qui, ayant récupéré le trésor de Rantaine, fit échouer la Durande sur un écueil espérant emporter cette richesse au Nouveau Monde. Gilliatt, le solitaire, va sauver la machine à vapeur, espérant à son retour épouser Deruchette.
Dans une première moitié du livre, L'auteur expose les personnages, situe les lieux, la maison hantée – visionnée – de Gilliatt, le Bû de la rue, celle de Lethierry, les Bravée avec son joli jardin fleuri, le piano de Deruchette, s'étend sur l'arrivée du progrès moderne avec le Devil-boat. Il détaille mentalités et croyances de Guernesey.
Une lutte fantastique
La seconde partie, après le naufrage de la Durande raconte la lutte épique de Gilliatt contre les éléments, contre la mer, pour sauver la machine encore intacte et la rapporter dans la panse, son embarcation. Gilliatt – travailleur de la mer – marin, mais aussi charpentier, acrobate, entreprend seul dans les éléments hostiles un chantier titanesque dans les deux piliers – les Douvres –
« Debout et droites comme deux colonnes noires. Elles étaient jusqu'à une certaine hauteur toutes velues de varech. Leurs hanches escarpées avaient des reflets d'armures.[ ….]Une sorte de toute-puissance tragique s'en dégageait »
Deux mois, Gilliatt va survivre en se nourrissant de coquillages, de crabes trouvés sur les rochers. Il va ramasser toutes les matières premières utiles au chantier, construire une forge… et n'aura pour seuls compagnons que les oiseaux, mouettes et goélands. Victor Hugo raconte par le détail tous les progrès de l'évasion de la machine il empruntera les techniques de nombreux métiers. Et quand l'oeuvre sera réalisée, il lui faudra encore vaincre la tempête ! Luxe de détails techniques, de termes de marine, d'astronomie, et aussi, et surtout fantastique découverte de la caverne extraordinaire, la première fois merveille
« La lumière était une énigme : on eût dit la lueur glauque de la prunelle d'un sphinx. Cette cave figurait le dedans d'une tête de mort énorme et splendide […] Cette bouche, avalant et rendant le flux et le reflux, béante au plein midi extérieur buvait de la lumière et vomissait l'amertume [le rayon de soleil, en traversant ce porche obstrué d'une épaisseur vitreuse d'eau de mer, devenait vert comme un rayon d'Albaran ». je recopierais avec plaisir tout le chapitre décrivant la cave.
« On pouvait, devant cette sculpture où il y avait un nuage, rêver de Prométhée ébauchant pour Michel Ange »
Dans cette cave – comme dans la tempête – je découvre un Hugo fantastique qui me fait penser à ses dessins.
Gilliatt reviendra dans la cave qui prendra une dimension effrayante, il y découvrira le squelette de Clubin mangé par les crabes, et c'est aussi là qu'il combattra la pieuvre.
Gilliatt était une espèce de Job de l'océan. Un Job Prométhée.
De retour à Guernesey, la machine dans la panse, il croit trouver la gloire et surtout épouser Deruchette. Mais un happy end n'aurait pas cadré avec ce roman fantastique.

Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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