Après des études de droit quelque peu poussives, Eugène Lejantel (nom d'emprunt) est incorporé à
Paris, dans un régiment de gardes mobiles. Envoyé au camp de Mourmelon pour y faire une préparation militaire, il tombe malade et est envoyé à l'hôpital où il fait la connaissance d'un peintre dénommé Francis Emonot avec lequel il se lie d'amitié. Les deux lascars ne sont pas à l'article de la mort, aussi, en bons vivants, amateurs de jolies filles, ils n'hésitent pas à faire le mur pour des escapades nocturnes à Evreux. Leurs incartades seront découvertes et sanctionnées. Francis rejoindra son régiment et Eugène retournera chez ses parents à
Paris.
Dans cette courte nouvelle, la guerre de 1870 semble bien lointaine et ce n'est pas avec le
sac au dos dans la poussière que nous entraîne
Joris-Karl Huysmans mais plutôt dans le huis-clos d'un hôpital aseptisé, un sanctuaire de paix géré par des religieuses chargées de prodiguer les soins aux malades et blessés de guerre. Une part autobiographique est donnée à ce récit cocasse et plaisant. L'auteur croque avec humour « l'envers du décor », une autre vision de la guerre vue par les malades depuis leurs chambrées d'hôpital et ironise sur l'impéritie des médecins militaires, prescrivant à tous, vénériens et blessés, fiévreux et dysentériques, une tisane de réglisse.
L'auteur utilise volontairement la dérision pour dénoncer un nouvel aspect de l'absurdité de la guerre. Il rejoint dans cette optique les sujets abordés par ses compagnons d'écriture des Soirées de Médan, avec notamment, les conséquences désastreuses de l'impréparation militaire, décrites dans «
L'attaque du moulin » d'
Emile Zola ou la satire sociale détaillée par
Guy de Maupassant dans «
Boule de suif ». Un beau style littéraire pour une histoire bien sympathique qui prête à sourire !
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