AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,3

sur 376 notes
5
51 avis
4
30 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un plaisir intense tout au long de ces presque cinq cents pages, à découvrir ce que sera la vie de la toute jeune Zouleikha, déportée du fait de dékoulakisation en 1930 de son Tatarstan natal jusqu'au sud profond de la Sibérie, sur la rivière Angara, affluent de  l'Iénisseï.

Zouleikha est mariée à un homme bien plus âgé qu'elle, plutôt bon  - car il ne la bat pas - mais sans cesse menacée et maltraitée par sa belle-mère qui ne lui trouve que des défauts dont l'un, et pas des moindres, est d'avoir perdu l'une après l'autre ses quatre filles ! le travail de l'aube jusqu'au soir est son lot, et sa vie se déroule selon les valeurs musulmanes que sa mère lui a enseignées et qui dictent sa conduite de soumission et de labeur.

Mais nous sommes au début de la dékoulakisation cette doctrine soviétique stalinienne prônant la disparition des koulaks, des petits propriétaires terriens (comme le mari de Zouleikha) au profit des exploitations agricoles d'Etat. Ce mouvement génocidaire verra la déportation vers la Sibérie de près de quatre millions de personnes et l'établissement de goulags (acronyme russe signifiant Glavnoïe Oupravlenie Laguereï) qui sont des camps de travaux forcés en URSS où seront détenus principalement des prisonniers politiques, adversaires supposés du régime.

Près d'un million de morts durant les transports pour acheminer les déportés, et Zouleikha va faire partie de cette migration forcée qui prendra des mois, dans des conditions dantesques, vers une destination inconnue d'elle et de ses compagnons de voyage. Ils seront débarqués sur la rive de la rivière Angara, un affluent de l'Ienisseï, et laissés là, loin de toute civilisation, sous le commandement d'un capitaine de l'armée soviétique, lui-même confronté au désaveu de sa hiérarchie.

Nous vivrons alors l'installation de cette colonie pénitentiaire, la pérennisation de ce camp qui deviendra village puis petite ville, perdu dans l'immensité de l'ourmane ( la taïga russe), où cohabiteront paysans tatars, intellectuels exilés de Saint-Petersbourg, chrétiens, musulmans, prisonniers de droit commun, où les croyances et superstitions seront confrontées à la réalité qu'impose la survie en milieu hostile, où les caractères se révéleront face aux éléments contraires. Zouleikha y mettra au monde un fils et découvrira l'amour, qu'elle n'acceptera qu'après un long et intense travail intérieur d'émancipation.

Comment ne pas vibrer en découvrant les multiples aventures qui conduiront cette petite poignée de personnages tellement fascinants, attachants, jusque dans les années 50. Voici en effet, comme l'écrit Ludmilla Oulitskaïa dans sa préface : " une oeuvre si puissante, qui chante l'amour et la tendresse en plein enfer".

La traduction de Laure Mabillard sert au plus juste l'écriture de Gouzel Iakhina, nous offrant des phrases éclatantes, colorées, odorantes et chatoyantes qui nous emportent comme le cours bouillonnant de l'Angara.
Lien : https://camusdiffusion.wordp..
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (943) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
439 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}