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Critique de Erveine


Traduit du roumain et offert par Gabrielle Danoux, Les Godillots de ma mère est une oeuvre poétique de Clelia Ifrim. Ce sont ces mots bleus, cocottes en papier, oiseaux, origamis sur ciel de cendre, à moins que, oiseaux blancs sur fond bleu en page de couverture. La poésie est une vue de l'âme en cela qu'elle exprime une expression profonde à nulle autre pareille même si, elle ne saurait se cloisonner dans un registre rigide. Elle utilise un langage contemporain ou pas, elle est drôle ou tragique, tantôt réelle tantôt abstraite, elle est une musique agréable où la rime est prosodie ou bien elle est prose et raconte une histoire qui nous parvient en résonance. C'est tout ce que j'appréhende quand je l'apprécie et aussi quand je la déteste, soit qu'elle ne m'aura pas touchée.
Traduire constitue une tâche exigeante et je suis ravie de pouvoir découvrir d'autres horizons avec cette voix de Roumanie. Ces chevaux qui étaient sanglés et descendus à la verticale dans les mines de sel par exemple. C'étaient des animaux au travail qui souffraient sans doute, mais au même titre que les hommes et en cela ils étaient importants pour eux ; ils n'étaient pas de ces animaux tant sacrifiés en temps de guerre. C'est pourquoi je crois, que l'on retrouve si souvent les chevaux dans la poésie roumaine.
En quatrième de couverture nous pouvons lire, peut-être, la plus belle expression de cette poésie, même si ce n'est pas à moi d'en juger, j'aime à penser que nous sommes ces drôles d'oiseaux, qui, tantôt vifs, tantôt fatigués trouvons notre rivage.
Pour ma part encore, j'aime en particulier cet extrait et ces autres plus avant qui m'animent :
LE PUITS DE MARIA
«… le puits a été creusé
à la mémoire de la soeur de mon père,
Maria,
pour les proches et les étrangers,
pour les voyageurs,
et pour les animaux.
Le puits était pour tout le monde.
Maintenant, il a un couvercle en fer,
couleur de sang coagulé,
rajouté par mon cousin
qui a également installé la clôture.
Le puits est donc enfermé dans la cour… »
C'est la poésie, très belle, de l'enfance et du temps disparu ; le puits qui figure la vie par temps de sècheresse et qui a été fermé ; le puits pour les hommes et les animaux, le puits avec son couvercle couleur de sang coagulé, couleur de la mort, de la guerre et de la fin de l'enfance.
Et aussi :
MES FRÈRES
"Le jour est blanc.
Il brille dans l'émail de l'évier.
Les torchons de cuisine
flottent comme des drapeaux intérieurs,
sur un fil tendu entre deux clous,
fixés dans le cadre de la fenêtre et de la porte.
Entre les deux clous,
la distance entre le village et la ville.
Au milieu, l'ancien champ.
Je n'ai de cesse d'ajourner
mon voyage au-delà du champ pour
chercher mes autres frères géants."
Car au-delà du champ, entre le village et la ville se situent des êtres de grandeur.
Et enfin :
LES OISEAUX DU PARADIS
« Salés,
picorant,
infimes choses inconnues,
les oiseaux se dégustent
l'un l'autre.
Le sel restant
du battement de leurs ailes
se stabilise dans la montagne de sel. »
Ainsi vont les mots, ces oiseaux étranges, l'un l'autre qui d'un battement d'ailes distillent le sel de la vie. Grand merci pour cette découverte.
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