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Citations sur Troubadours et trouvères : Anthologie - La Musique médiévale (16)

Amour de terre lointaine
pour vous mon cœur a mal
et je ne peux trouver médecin
si je n’entends votre appel
attiré par l’amour douce
dans un verger ou sous courtines
avec la compagne désirée

Puisque cela toujours me manque
je ne m’étonne pas d’être en flammes
car jamais plus noble chrétienne
ne fut et Dieu ne le veut pas
ni juive ni sarrazine
il est bien repu de manne
celui qui de son amour gagne...

- Jaufre Rudel
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Las ! pourquoi l’ai-je de mes yeux regardée…
  
  
  
  
Las ! pourquoi l’ai-je de mes yeux regardée
La douce chose qui fausse amie a nom ?
Elle me raille, et je l’ai tant pleurée,
Si doucement ne fut trahi nul homme.
Tant que fus mien, ne me fit que le bien,
Or je suis sien, elle m’occit sans raison
Et pour autant que de cœur l’ai aimée,
  Je ne sais autre raison.

De mille soupirs que je lui dois par dette,
Ne me veut pas d’un seul quitte clamer,
Et faux amour ne laisse que s’entremettre
Ni ne me laisse dormir ni reposer.
Si veut m’occire, moins aura à garder ;
Je ne sais m’en venger fors de pleurer,
Car qui amour détruit et déshérite
  On ne l’en doit pas blâmer...


// Le Chatelain de Coucy (1186 – 1203)

/ Traduction de France Igly
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Ai grand joie quand me souviens de l’amour
  
  
  
  
Ai grand joie quand me souviens de l’amour
Qui tient mon cœur ferme sous sa dépendance ;
L’autre jour, vins dans un verger, de fleurs
Tout couvert, de chants d’oiseaux résonnant,
Et quand je fus dedans ce beau jardin,
Lors m’apparut la belle fleur de lys,
Qui captiva mes yeux, saisit mon cœur,
Tant, que depuis ne peux reprendre ni sens
Ni esprit d’elle à qui me suis soumis.

C’est pour ell’ seule que je chante et pleure ;
Tant ai pour ell’ mon désir attisé,
Souvent soupire et supplie et me tourne
Devers où vis resplendir sa beauté ;
Fleur des dames, qu’on chérit et révère,
Ainsi que tant de gens m’avez conquis,
Douce et bonne, modeste, de haut parage,
D’aménité pleine êtes pour bonnes gens.

Bien serai riche, si j’osai la louer,
Tous les gens viendraient l’ouïr avec joie,
Mais grand peur ai que de faux louangeurs,
Félons et lâches, et surtout sans mesure,
Puissent m’entendent, et ai trop d’ennemis.
Il me plaît qu’on se fasse devin ;
Mais quand verrai un homme de son lignage,
La louerai tant que ma bouche se fende,
Tant d’amour porte à son beau corps si gent...


// Giraut de Bornelh (1138 -1215)

/ Adaptée de l’occitan par France Igly
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Un chevalier reposait …
  
  
  
  
Un chevalier reposait **
Près celle que plus voulait ;
Souvent la baisant, disait :
Douce chose, que ferai-je ?
Le jour vient et la nuit va.
       Hélas !
J’entends que le guetteur crie :
       Allons !
Debout ! je vois le jour venir
Derrière l’aube.

Douce chose, s’il se pouvait
Que jamais aube ni jour
Ne fut, grand merci serait,
A présent, au lieu où est
Fin amant près cell’ qui lui plaît.
       Hélas !
J’entends que le guetteur crie :
       Allons !
Debout ! je vois le jour venir
Derrière l’aube.

Douce chose, quoi qu’on vous dise,
Ne crois que tell’ douleur soit
Comme ami qui part d’amie.
Par moi-même bien le sais.
Mon Dieu ! Combien peu nuit fait !
       Hélas !
J’entends que le guetteur crie :
       Allons !
Debout ! je vois le jour venir
Derrière l’aube.

Douce chose, je dois partir ;
Vôtre suis, où que je sois.
Pour Dieu, ne m’oubliez mie,
Car mon cœur demeure ici,
De vous ja ne partira.
       Hélas !
J’entends que le guetteur crie :
       Allons !
Debout ! je vois le jour venir
Derrière l’aube.

Douce chose, si ne vous vois,
Bientôt croyez que mourrais,
Le grand désir m’occirait ;
Pour ce bientôt reviendrai,
Car sans vous de vie n’ai.
       Hélas !
J’entends que le guetteur crie :
       Allons !
Debout ! je vois le jour venir
Derrière l’aube.

// Gaucelm Faidit (vers 1150 – vers 1205)

/ Adaptée de l’occitan par France Igly


** Cette chanson d’Aube est attribuée aussi à Bertrand d’Alamon.
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Le temps nouveau et mai et violette…
  
  
  
  
Le temps nouveau et mai et violette
Et rossignol me somment de chanter,
Et mon fin cœur me fait d’une amourette
Si doux présent que ne l’ose refuser.
Or me laisse Dieu en tel honneur monter
Que celle où j’ai mon cœur et mes pensers
Tienne une fois entre mes bras nuette,
  Avant que j’aille outre mer !

Pour commencer la trouvai si doucette
Que ne croyais pour ell’ mal endurer,
Mais on doux vis et sa belle bouchette,
Et son bel œil qui est riant et clair
M’eurent pris avant que me pus donner.
Or ne me veut retenir ni quitter,
J’aime mieux ave ell’ faillir, si (me le) promet,
  Qu’à une autre parvenir.



// Le Chatelain de Coucy (1186 – 1203)

/ Traduction de France Igly
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Tout vif pour vous je brûle en flamme…



Tout vif pour vous je brûle en flamme,
Par pitié, dame, vous réclame
Que me pardonniez, si je faux,
Oyez, entendez ma prière,
Dame, la plus gente créature
Que jamais forma la nature,
Meilleure que ne peux dire ou sais,
Plus belle que beau jour de mai,
Soleil de mars, ombre d’été,
Rose de mai, pluie d’avril,
Fleur de beauté, miroir d’amour,
Clé de mérite, écrin d’honneur,
Maison de dons, chef de jeunesse,
Front et racine d’intelligence,
Chambre de joie, de courtoisie
Dame, mains jointes, vous supplie,
Puisque vôtre suis si loyal,
Cédez à pitié et merci
Et m’acceptez pour serviteur,
Et me promettez votre amour

Dame, n’ose plus avant vous prier.
Que Dieu vous garde et vous protège.
S’il vous plaît, rendez mon salut,
Puisqu’amour m’a par vous vaincu,
Que par moi sur vous il ait gloire
Amour qui toute chose vaine,
                            Dame !

//Arnaut de Mareuil (1170-1200)
/ Adaptée de l’occitan par France Igly
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Quand mon cœur me rappelle ceci…



Quand mon cœur me rappelle ceci,
Adonc demeure si ébahi,
Ne sais où vais ni d’où je viens ;
M’émerveille que me soutiens,
Le cœur me faut et les couleurs,
Tant m’étreint, dame, votre amour.
Tout le jour souffre ces combats,
Mais la nuit m’est pire tracas,
Car quand me suis allé coucher,

Me tourne et me retourne et vire,
Pense et repense, et puis soupire.
Souvent me dresse sur mon séant,
Après me tourne en soupirant,
Et puis me couche sur le bras dextre,
Puis me vire sur le senestre,
Me découvre soudainement
Puis me recouvre doucement,
Et quand me suis bien agité,
J’étends au dehors mes deux bras
Et tiens la face, les yeux tournés,
Maint jointes devers le pays
Où je sais, dame, que vous êtes


//Arnaut de Mareuil (1170-1200)
/ Adaptée de l’occitan par France Igly
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Lorsque l’été et la douce saison…


Lorsque l’été et la douce saison
Font feuille et fleur et les prés reverdir,
Et le doux chant des menus oisillons
Fait à plusieurs de joie se souvenir,
Las ! chacun chante, et je pleure et soupire,
Et si n’est pas droiture ni raison,
C’est du moins toute mon intention,
Dame, de vous honorer et servir.

Si j’avais le bon-sens qu’eut Salomon,
Amour me ferait bien pour fol tenir ;
Car tant est forte et cruelle sa prison
Qu’elle me fait essayer et sentir.
Ne me veut à son service retenir
Ni m’enseigner quelle est ma guérison ;
Pourtant j’ai aimé longuement en perte
Et aimerai toujours sans repentir.

Moult m’émerveille pour quelle raison
Elle me fait si longuement languir.
Je sais fort bien qu’elle croit les félons,
Les médisants que Dieu puisse maudire.
Toute leur peine ont mise à me trahir ;
Mais ne leur vaut leur mortelle trahison,
Quand sauront quelle sera ma récompense,
Dame, que j’aime, à qui ne sait mentir...

Si vous daignez ma prière écouter,
Douce Dame, je vous prie et demande
Que vous pensiez à me récompenser :
Ne penserai qu’à bien servir tout temps.
Tous les maux que j’ai me seront néant,
Douce Dame, si me voulez aimer.
En peu de temps pouvez récompenser
Les biens d’amour que j’ai attendus tant.


//Le Chatelain de Coucy (1186 – 1203)

/Traduction de France Igly
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Quand m’arrive souvente fois…



Quand m’arrive souvente fois
Que crois entendre une autre voix,
De vous, ai message courtois,
Mon cœur, qui là-bas est votre hôte,
Me vient de vous en messager,
Me rappeler et me repeindre
Votre gent corps joli et tendre,
Et votre blonde chevelure,
Et votre front plus blanc que lis,
Et vos yeux verts et si rieurs,
Et le nez droit et bien seyant,
Le visage de fraîches couleurs,
Blanche, vermeille plus que fleurs,
Petite bouche et belles dents,
Plus brillantes que fin argent,
Menton et gorge et bell’ poitrine
Blanc comme neige ou (fleurs) d’aubépine,
Et vos si belles blanches mains,
Aux longs doigts graciles et minces,
Et votre si beau maintient
Où il n’y a rien à reprendre,
Et vos propos plaisants et bons,
Et gent parler, nobles réponses,
Et le bel accueil que me fîtes
Quand il advint que nous nous vîmes.


//Arnaut de Mareuil (1170-1200)
/ Adaptée de l’occitan par France Igly
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Dame, plus belle que ne sais dire…



Dame, plus belle que ne sais dire,
Pour qui souvent geins et soupire,
Cet ami vôtre, si bon et tendre,
Assez savez lequel entendre,
Vous fait transmettre son salut


Amour m’a commandé d’écrire
Ce qu’avec la bouche n’ose dire,
Je n’ose enfreindre ni esquiver
Les choses qu’amour m’a commandées.
Or écoutez, dame, je vous prie,
Ce que ma lettre va vous dire


//Arnaut de Mareuil (1170-1200)
/ Adaptée de l’occitan par France Igly
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