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Critique de Gruizzli


Comme d'autres avis, j'ai retrouvé ici un air de Steinbeck, d'hommes en blouses de travail et de Californie du début XXè, de racisme, de prisons et de misère. C'est un récit d'une vie, celle d'un homme qui veut travailler de ses mains et avec l'électricité. Rapidement, l'histoire s'installe dans son rythme qu'elle ne perd plus jamais. Ce qui est remarquable, vu le nombre des pages, qui se lit d'ailleurs facilement et plus rapidement qu'on ne pourrait le croire, au vu du bouzin.

Le dessin est parfait pour ce genre de récit, rendant quelque chose de rugueux dans les textures. On sent la toile grossière des vêtements et les planches écaillées. Ça passe par le dessin, l'ambiance est très bien retransmise et permets de ressentir tout le poids du récit. Un excellent exemple de comment articuler le fond et la forme d'un récit.
Le récit, lui, est assez linéaire. On se doute vite de ce qui va arriver, mais l'importance n'est pas vraiment perceptible tout de suite. Par contre, une fois au pénitencier, c'est l'escalade de la violence et de la douleur pour notre personnage. Une sacrée descente aux enfers pour un brave gars qui veut juste bien faire son travail. J'aime le fait que l'accent ne soit jamais mis uniquement sur un "brave homme", puisqu'il a aussi des comportements qui ne conviennent pas, comme avec sa femme. Par contre, c'est un travailleur honnête ou qui essaye de l'être. Et j'aime le fait que ce qui l'anime avant tout soit sa passion pour son métier et la volonté de préserver sa famille. C'est simple, comme beaucoup de gens que j'ai pu croiser dans ma vie, et ça peut mener à des conséquences désastreuses. A partir de l'accident, on sent que l'auteure veut nous montrer le délitement de ce qui fait la vie de cet homme, mais aussi par là une critique de nos institutions, des pouvoirs et des humains. Que dire de ces gardiens de prisons si sadique, de ce jugement qui semble joué d'avance, de cette douleur de la séparation d'un couple ? La fin est assez cruelle, puisque rien ne reviendra à la normale et que tout restera dans cette déchéance humaine, avec une sorte de fin ironiquement noire.

Je suis très content de cette lecture, c'est le genre de BD qui arrive à faire ressentir tout ce qu'elle veut dire, le retransmet par le dessin comme par le texte, nous montre une cruauté humaine qui n'est jamais voyeuriste et pose des questions sur la façon dont nous nous traitons dans notre propre société. C'est un rappel de ce que purent être les lois dures et le pénitencier de ces années-là. Je ne connais pas les prisons actuelles mais je me demande ce que ça donnerait ... Bref, une lecture prenante et qui se dévore comme un rien, une chaude recommandation !
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