Léonard de Vinci - La biographie

«  Qui pense peu se trompe beaucoup » .

Parce qu’ils « pensent différemment », les génies créatifs sont parfois marginalisés. Ces mots ont été repris par Steve Jobs dans une publicité pour Apple. « Là où certains ne voient que folie, nous voyons du génie. Car seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde y parviennent. »

Oui c'était un inventif endiablé, un curieux passioné et un créatif transdisciplinaire. C'était un génie. Mais le terme invite à la prudence. En affublant Léonard de ce titre, on donne l'impression qu'il aurait été touché par la grâce et on en oublie son travail

Pour se faire l’œil, il conseille également un jeu auquel il s’adonne avec ses amis. Une personne trace une ligne sur un mur ; les autres, installées à une certaine distance du mur, doivent couper un brin de paille de la même longueur que la ligne. « Celui qui s’approche au plus de la mesure du dessin l’emporte. »

Son imagination en effervescence constante le pousse à flirter avec les limites de la fantaisie. C’est une belle qualité que nous gagnerions à entretenir chez nous-mêmes et à encourager chez nos enfants.

C’est après avoir détaché la peau du visage de cadavres et tracé les muscles moteurs responsables du mouvement des lèvres qu’il peint le sourire le plus célèbre du monde.

Au départ, je voyais sa tendance à la fantaisie comme un défaut révélateur d'un manque de discipline et d'application, reflété dans sa propension a ne pas achever certains travaux et traités. Dans une certaine mesure, c'est le cas. Une vision sans action n'est qu'hallucination. Mais j'ai fini par comprendre que sa capacité d'estomper les limites séparant rêve et réalité, comme son sfumato permet d'adoucir les traits sur une toile, était une clé de sa créativité. Sans imagination, le talent reste stérile. Léonard savait comment marier observation et imagination, et c'est ainsi qu'il en est venu incarner l'innovateur par excellence.

En octobre 1517, Léonard séjourne depuis un an à Amboise. Il reçoit la visite d’un éminent personnage, le cardinal Louis d’Aragon, qui effectue un long voyage à travers l’Europe avec plus de 40 membres de sa suite. Ils se sont connus à Rome ... Son chapelain et secrétaire, Antonio de Beatis, l’accompagne. Le journal de ce dernier nous offre un ultime gros plan de Léonard ... « peintre le plus éminent de notre temps », ce qui est certainement vrai, mais montre que ses contemporains le considèrent également ainsi, quand bien même La Joconde, la Vierge à l’Enfant avec sainte Anne et Saint Jean Baptiste ne sont pratiquement pas connus et qu’un grand nombre de ses commandes publiques, dont l’Adoration des Mages ou la Bataille d’Anghiari, ne sont toujours pas achevées.

Comme toujours avec Léonard, un voile de mystère entoure chaque évènement, qu'il s'agisse de sa carrière artistique ou de sa vie personnelle, depuis son lieu de naissance jusqu'à sa sépulture. On ne peut peindre son portrait en traits nets et rectilignes, et ce n'est d'ailleurs pas souhaitable puisqu'il n'aurait pas voulu représenter Mona Lisa de cette façon. Il y a du bon à laisser un peu de place à l'imaginaire. Comme il le savait si bien, les contours de la réalité sont flous par essence, ils laissent planer un soupçon d'incertitude que nous devrions accueillir à bras ouverts. On ne peut mieux aborder sa vie qu'en suivant la manière dont il abordait le monde : avec une curiosité et une admiration immenses pour les richesses qu'elle recèle.