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Critique de Meps


Il faut parfois persévérer avec un auteur pour réussir à rentrer dans son univers, pour l'accepter tel qu'il est, pour accueillir avec bienveillance l'invitation qu'il nous adresse, nous les lecteurs, à y pénétrer. C'est l'expérience que j'ai pu vivre avec Kazuo Ishiguro, après Auprès de moi toujours, en découvrant Klara et le soleil.

On a tendance à dire que l'Académie Nobel est très conservatrice et qu'elle refuse de couronner des genres considérés comme mineurs, tels le polar ou les littératures de l'imaginaire. Pourtant, quand on lit Ishiguro, Nobel 2017, (en tout cas dans ces deux livres), on peut se dire que c'est bien un auteur de science-fiction qui est couronné. Ishiguro s'interroge sur la technologie récente et ce que ses progrès permettront. Alors que la génétique était au centre d'Auprès de moi toujours, c'est bien l'intelligence artificielle qui est ici au coeur du livre. Klara est une Amie Artificielle, et nous le savons dès le début du roman. L'aura de mystère qui planait sur Kath, Ruth et Tommy dans Auprès de moi toujours est ici directement explicitée. Et pourtant, c'est bien l'incertitude et le mystère qui me semblent être les caractéristiques de l'univers de l'auteur. On ne sait jamais vraiment où ni quand se déroule le récit. Beaucoup d'éléments de cette nouvelle société sont clarifiés très progressivement et rien n'est totalement sûr. Qu'est-ce qui fait que certains jeunes sont "relevés "et d'autres non... et tout simplement qu'est-ce que c'est qu'être relevé ? Pourquoi certains humains semblent avoir quitté leur travail, l'ont-ils fait de leur plain gré ou ont-ils été remplacés ? A plusieurs moments du récit, on se dit qu'on a compris mais l'auteur semble prendre un malin plaisir à ne jamais totalement nous placer en état de certitude complète.

Comme souvent dans les littératures de ce genre, en venant explorer le thème de l'intelligence artificielle, c'est bien notre humanité qui est interrogée en miroir, ce qui fait sa spécificité. Est-il complètement illusoire de croire que l'humain est irremplaçable, inimitable ? Ishiguro pose ses questions éternelles de la SF mais il le fait dans un style très recherché, ce style qui lui a sans doute permis d'accéder au Graal du Nobel. Il mène une recherche constante pour tenter de saisir au plus près la représentation de notre monde que peuvent avoir ces intelligences artificielles. En mélangeant technologie et magie, il brouille les frontières et nous fait nous questionner sur ce que nous attendons de la science : des certitudes ou encore plus de féérie dans un monde désabusé.
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