Merlin, tome 1 : La Colère d'Ahès

Il m'est parfois difficile de proposer une critique d'une oeuvre, qui se veut originale. C'est le cas pour ce tome 1 de cette série déjà largement critiquée, qui est somme toute de bonne facture. Il nous propose une version de la naissance de Merlin, personnage mythique ô combien célèbre et Istin annonce clairement la couleur en faisant de lui l'arme des anciennes traditions contre l'envahisseur Chrétien. Cette nouvelle religion dont la foi en un dieu unique supplante largement les anciennes traditions, jugées païennes et assimilées à l'oeuvre du diable. Jean Luc Istin fait de Merlin le personnage instrumentalisé appartenant aux deux "camps". Il deviendra un personnage puissant important et permettra ainsi ce qui doit invariablement arriver. Car dans le fond, tout le monde sait bien que le Christianisme finira par l'emporter. C'est donc un univers, un monde magique marqué par sa fin inévitable que l'auteur fait évoluer son personnage. Il devient celui par qui le changement pourra se faire, le vecteur du syncrétisme annoncé. Cette fusion des différents cultes est déjà très présente, et notamment dans le personnage du père Blaise, ancien druide voué au dieu unique, mais qui n'a pas oublié jusqu'à ses pratiques druidiques.
Les graphismes sont plutôt efficaces même si je regrette que le design de Merlin adolescent le rende plus féminin. Certaines cases sont magnifiques, d'autres beaucoup moins, cela reste très variable et donne l'impression d'un style encore en recherche. Mais cela présage d'un talent certain de la part d'Eric Lambert, dessinateur attitré de ce Merlin. Affaire à suivre...