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Critique de Noiredencre


C'est à pas feutrés que j'ai fait mon entrée dans les terres d'Arran… Les orcs n'étant pas les plus sympathiques des créatures, et encore moins réputés pour leur esprit vif et éclairé, j'étais surprise qu'on leur consacre des volumes entiers.
Lorsqu'il m'a été proposé de recevoir et lire ce volume, ma curiosité légendaire était piquée au vif ! Toutefois je ne m'attendais pas à apprécier plus que ça, je craignais même de regretter cette lecture, me préparant à une possible déception. Sauf que…
Sauf que le graphisme est remarquable jusque dans les moindres détails. le dessin est précis et conserve cette précision d'une case à l'autre malgré les actions parfois hautes en tensions. Chaque personnage a des traits bien caractérisés que l'on ne peut confondre et j'apprécie cela. Les plans sont variés et les cadrages alternent souvent lorsqu'il s'agit de nous montrer un des personnages principaux. le décor est splendide, presque féérique avec le jeu de couleurs et de lumière qui apporte une touche particulière notamment dans les vues d'ensemble de l'île. On passe sur des pages noires quand on se trouve en pleine nuit ou dans des lieux obscurs. Tous les choix graphiques concourent à créer une atmosphère propre à ce lieu et à cette histoire. Immersion garantie.

Sauf que je ne pensais pas « rencontrer » un jour un orc de ce genre. Orc ou semi-orc ? telle est la question. Ne voilà-t-il pas qu'il est le narrateur lui-même, qu'il s'exprime dans une langue soutenue parsemée de mots grossiers, qu'il analyse les situations, réfléchit… Il se révèlera plutôt beau gosse (il aime le répéter ˄˄), beau parleur et surtout une brute épaisse et un vil calculateur. S'il cache plus d'un tour dans son sac, sa nature d'orc semble néanmoins le rattraper au plus mauvais moment. le talent des auteurs est de nous l'avoir rendu presque attachant : le narrateur beau parleur embobine aussi son lecteur en un tour de main. Ce type est une ordure, mais une ordure sympathique.

Sauf que l'intrigue, somme toute classique, est fort bien ficelée et m'a embarquée dans l'aventure où je me suis retrouvée coincée avant d'avoir le temps de tourner la deuxième page… J'ai vraiment beaucoup aimé ce début efficace qui nous contraint à prendre le parti de Turuk. La part de mystère est saisissante et ne se dissipe que par demi-mesure, laissant le suspens et le doute planer longtemps. Ce n'est par exemple qu'à la page 5 que l'on voit enfin le visage de Turuk, lorsqu'il peut lui-même se regarder dans un miroir.
C'est un véritable huis-clos qui nous enferme sur une île dont on ne sait rien et dont on va apprendre si peu. Des souvenirs remontent à la mémoire de Turuk, d'autres lui sont racontés par ses acolytes.

Les dernières pages m'ont laissée sur une faim étrange : j'avais à la fois envie de suivre Turuk (si possible !) et également de suivre Dalyam pour continuer la route avec elle. Mais quels frustration, contrariété, plaisir et contentement face à cette fin proposée, cet humour jouissif et agaçant à la fois car on sent que quelque part « on s'est fait avoir ». Par qui ? Pourquoi ? Comment ? A quel moment ? C'est du grand art, j'adore ! ça se lit, ça ne se raconte plus !

Cerise sur le gâteau, le dossier de présentation de l'univers et de la série, qui donne clairement l'eau à la bouche si les auteurs sont aussi talentueux que J. L. Istin et Diogo Saito ! Deux noms que je vais retenir et lire à nouveau dès que l'occasion se présentera.

Je remercie Babelio et les éditions Soleil pour cette belle proposition de lecture !
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