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Critique de SixSilver


Petit coup de coeur pour ce roman érotique avec, en fond de trame, une petite intrigue !

La plume de l'auteur est poétique, et c'est presque avec délice que le lecteur peut se plonger dans l'univers pourtant glauque des maisons closes ; le lyrisme de C.J. Sterne adoucit l'atmosphère, permet peut-être, aussi, de montrer une autre facette de la prostitution lorsque celle-ci fait partie intégrante du quotidien : après tout, c'est tout ce qu'Enki, le jeune prostitué, connaît, et pour ne pas sombrer, il est bien obligé de se faire une raison ; de trouver les bons côtés, même s'ils ne sont pas si bons que ça.

C'est peut-être pourquoi cette histoire est si touchante : l'auteur n'essaie pas de dresser un tableau noir, plein de colère, de haine, de larmes. Non, au contraire : Enki fait avec les cartes que le destin lui a donné, et il est d'autant plus attachant qu'il reste quelqu'un de bien. Ce n'est pas qu'il est niais — ce serait un comble, vu ce qu'il est, ce qu'il est obligé de faire — mais plutôt d'une grande résilience, faisant au mieux.

L'intrigue se déroule en trois parties d'une quarantaine de pages chacune, sans chapitres. Les trois quarts du roman sont focalisés sur des scènes de sexe, principalement entre Enki et Rey, décrites avec cette prose si agréable, jamais vulgaire, et qui arrive à faire durer ces scènes sur des pages et des pages, entrecoupées de pensées, de désirs, de rêves, de soupirs. La dernière partie, au fond, est celle que je redoutais le plus : Rey reviendrait-il ou disparaîtrait-il sans un mot ? Car, au fond, ce n'est pas parce que la prose de Sterne adoucit le récit qu'elle édulcore les faits : Enki est un prostitué, sa vie est difficile et il n'éprouve aucun plaisir à être besogné, comme il le dit, jour après jour. Même si Rey paraît subjugué par sa beauté, il pourrait s'en lasser, plus tôt que tard. Rey est libre de faire ce qu'il lui plaît, en dehors comme au dedans des murs du bordel ; Enki en est prisonnier. Jamais il ne connaîtra autre chose, esclave de sa pauvreté, esclave tout court. Il le dit très clairement, dès le départ.

Il n'y a qu'une chose, peut-être, qui m'a titillé : la manière dont Enki parle. En soi, qu'il ne sache pas bien parler n'est pas un problème (même si c'est douloureux pour mes pauvres petites oreilles) ; mais le fait qu'il est plusieurs explicitement cité qu'il savait mieux parler que les autres prostitués de la maison m'a fait tiquer car il n'en a pas l'air. Est-ce juste qu'il n'est pas grossier ? Ce n'est qu'un détail, mais je trouve cela dommage !

Pour conclure, j'ai adoré ce roman et je le conseille vivement !
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