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Critique de Unity


J'aime qu'un livre me surprenne, qu'il s'extirpe des codes habituels pour entraîner le lecteur dans un univers particulier sans craindre l'indécence. Confessions d'un pornocrate romantique avait tout pour m'inviter à la lecture : un titre amusant, un genre intrigant (du roman noir érotique par un ancien auteur de sf) et un speech plein de promesses.

J'ai découvert Maxim Jakubowski alors que je travaillais sur mon projet de recherches de M1 dans une interview où il parlait de J. G. Ballard. Comme ce nom ne me disait rien, je suis donc allée voir ses livres de plus près. Les résumés m'ont tenté. Voyez pour celui du Pornocrate : Une ancienne strip-teaseuse bibliophile et tueuse à gages est engagée pour retrouver le dernier manuscrit qu'un auteur érotique coureur de femmes aurait laissé avant de mourir. Parallèlement à cette enquête, se mêlent alors des chapitres désordonnés de l'ouvrage, un pour chaque aventure. Il apparaît cependant rapidement que toutes ces histoires ne mènent qu'à une seule femme.

Ça m'a semblé cool pour une petite lecture tranquille qui me sortirait de mes thèmes habituels (je ne suis pas une grande adepte du polar). L'ennui, c'est que, finalement, il s'agit moins d'un roman noir que d'un livre érotique sur toute la première partie. Et, quand je dis érotique, je pèse assez mes mots. Les scènes ne nous épargnent aucun détail, les descriptions sont servies par des métaphores plus crues et écoeurantes que la réalité même. J'avais bien du mal à comprendre ce que l'auteur essayait de faire, exciter le lecteur ? C'est raté, c'est risible. Certains passages s'étendent sur une dizaine de pages en déployant tout le grotesque d'un film porno. Je les ai subies mal à l'aise avec le sentiment que ce livre ne s'adressait définitivement pas à moi. le scénario n'avance pas tant chaque personnage se prend l'envie de faire l'amour partout au bout d'une page de sérieux. La surenchère de sexualité ne sert absolument pas l'histoire, est d'un voyeurisme dérangeant, franchement lassant. Si quelques scènes vulgaires servies de pratiques SM au rabais peuvent vous amuser ou émoustiller, aucun doute que vous passerez un bon moment…

Car, mis à part cela (les ¾ du livre tout de même), je ne regrette pas d'être allée au bout de la lecture. L'auteur a l'avantage d'avoir une écriture cultivée dont on sent la maturité (tant qu'il évite les scènes de sexe, qui lui vont finalement fort mal). le personnage de la « tueuse » et de l'auteur sont maîtrisés, assez rapidement sympathiques et, c'est bien parce qu'ils retiennent notre intérêt que l'on poursuit pour plonger plus en avant dans leur psychologie. J'ai également apprécié le côté très musical de l'oeuvre. Amateur de vieux rock country et de jazz, Jakubowski ne se prive pas pour donner ses références à ses personnages, et associer leurs souvenirs à des groupes. J'aime beaucoup la connexion des arts en littérature. Non, il y avait vraiment de quoi créer une ambiance générale très sympa.

La révélation finale n'est pas folle, puisque nous savons très tôt que le « pornocrate » enchaîne les conquêtes à cause d'une fêlure amoureuse (logique), mais bien amenée. Au final, Confessions d'un pornocrate romantique me donne l'impression d'une oeuvre brouillon, qui aurait pu être intéressante et agréablement subversive, mais passe à côté de ses thèmes pour se concentrer sur « la baise ».

Un livre à ne conseiller qu'aux amateurs de littérature érotique à tendance pornographique. Les autres pourrons passer leur chemin sans rien manquer.
Lien : http://unityeiden.fr.nf/est-..
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