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Critique de colka


Se lancer dans la lecture d'un roman d'Henry James , c'est ouvrir la porte à des questionnements... parfois sans réponse, c'est être à 'affût du moindre indice lâché par l'auteur pour nous permettre de mieux comprendre... ou mieux nous égarer. Bref, c'est accepter un "brassage de neurones" stimulant pour certain.e.s, exaspérant pour d'autres.
Les deux nouvelles que je viens de lire : le Motif dans le tapis et La Bête dans la jungle, n'échappent pas à cette règle.
Toutefois, je n'ai pas éprouvé le même plaisir de lecture pour les deux. le Motif dans le tapis m'a beaucoup déçu. Cette nouvelle, très courte, m'a paru n'être qu'un canevas tant sur le plan de l'intrigue - la recherche du sens caché d'une oeuvre - que sur celui des personnages qui ne sont qu'ébauchés.
Tout autre est : La Bête dans la jungle.La thématique du secret s'y déroule avec une grande virtuosité et entraîne la lectrice ou le lecteur dans le déchiffrement d'une sorte de rébus dont il n'aura peut-être jamais la clé...
Le fil de l'intrigue est pourtant simple : le héros, Marcher, confie - sous le sceau du secret - à une amie, May Bartram, qu'il se sent destiné à un sort mystérieux qui le hante et le paralyse. Et ce fil d'Ariane va se dérouler tout au long de la nouvelle, de façon extrêmement retors.
Qui est vraiment Marcher ? L'avatar d'un héros tragique accablé par un destin inexorable ? Un paranoïaque qui se réfugie dans des interprétations délirantes face à un avenir incertain ? Ou encore un homme qui a refoulé un ancien traumatisme dont la seule trace tangible serait cette peur irraisonnée devant une vie qui n'est que tourments intérieurs ou façade sociale ? A nous de choisir...
Et l'aide qu'il va demander à May Bartram ne va pas éclaircir la situation, au contraire, car va s'instaurer entre les deux personnages une relation complexe. le narcissisme forcené de Marcher ou son désespoir - tout dépend du point de vue adopté - vont l'amener à quémander la complicité inconditionnelle et à sens unique de May Bartram.
Mais cette dernière, dans les longs dialogues ciselés auxquels se livrent les deux personnages, va se révéler d'une grande duplicité... Son côté sauveuse omniprésent dans la première partie va laisser la place à une autre facette du personnage lorsqu'elle va tomber malade. Un côté sphinx, un peu inquiétant va surgir, elle ne parlera plus que par énigmes pour mieux ménager ou faire souffrir son ami ? On se pose la question... En tout cas, elle essaiera de lui faire comprendre qu'elle aussi est détentrice d'un secret qu'elle ne peut révéler.
Et le dénouement ? Il est à la hauteur du reste. Brutal, énigmatique, il louvre la porte à plusieurs interprétations...
J'ai lu presque deux fois cette nouvelle pour en saisir toutes les subtilités et je me suis vraiment fait plaisir.
Bien sûr la note attribuée ne concerne que la deuxième nouvelle mais je trouvais absurde de mettre une note moyenne qui n'aurait correspondu à rien !
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