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Critique de Aline1102


Rhoda Gradwyn, célèbre journaliste d'investigation, est défigurée depuis l'enfance par une cicatrice sur sa joue gauche. Cela fait près de trente ans qu'elle vit avec ce défaut physique et, pourtant, elle décide, peu après son 47e anniversaire, de se faire opérer par un chirurgien esthétique car, d'après ses propres termes, « elle n'a plus besoin de cette cicatrice ».
Pour ce grand changement, Rhoda s'adresse à l'un des meilleurs plasticiens de Grande-Bretagne, le docteur George Chandler-Powell. Celui-ci propose à sa patiente de choisir son lieu d'hospitalisation : le chirurgien peut l'opérer à l'hôpital St Angela de Londres ou dans sa clinique privée du Dorset, installée à Cheverell Manor, une superbe propriété de Stoke Cheverell. Souhaitant une discrétion absolue, Rhoda opte pour cette seconde solution.

Le jour de l'opération, prévue pour le 14 décembre, arrive à grand pas. L'intervention se passe bien et, après un repas léger, la patiente se repose dans sa chambre. Mais voilà que, peu avant minuit, une personne se glisse dans sa chambre.
Le lendemain matin, l'infirmière de Chandler-Powell constate le décès de Rhode Gradwyn. La journaliste a été étranglée dans son lit…


Quel beau suspense que cette Mort esthétique (son titre en français).
Impossible, encore une fois (mais chez moi c'est presque pathologique) de découvrir l'identité du meurtrier avant que P.D. James ne daigne la dévoiler. Et, d'ailleurs, le dénouement de l'histoire est des plus surprenants.
L'identité du coupable est particulièrement étonnante, ainsi que le mobile du crime. Etant donné la haine qui se dégage des meurtres (car il y en a plusieurs) et le voile de mystère qui entoure chaque personnage habitant le Manoir ou gravitant autour de la maisonnée, on s'attend à un mobile beaucoup plus élaboré que celui qui nous est révélé.

Finalement donc, ce roman vaut surtout d'être lu pour l'ambiance générale qui s'en dégage que pour l'intrigue qu'il renferme. Cette enquête de Dalgliesh et de son équipe se caractérise par la grande patience des policiers de Scotland Yard, qui n'hésitent pas à se déplacer à gauche et à droite, à interroger plusieurs fois la même personne, à fouiller les moindres recoins de la vie des victimes. du moins, lorsque ces recoins sont un tant soit peu mis en lumière. Car de nombreuses zones d'ombre subsistent, même à l'issue du roman, dans la vie de Rhoda Gradwyn. Femme farouchement indépendante, n'entretenant pas de bonnes relations avec sa mère (celle-ci étant la seule parente de Rhoda), la journaliste reste un mystère pour Dalgliesh, Miskin et Benton-Smith.

Et pour moi aussi. Peu de victimes m'avaient autant passionnée dans un roman policier. Peut-être parce que P.D. James prend le temps d'installer ses personnages et de nous faire partager quelques moments de la vie de Rhoda Gradwyn avant de nous raconter sa mort. En tout cas, comme Dalgliesh, j'ai eu envie d'en apprendre plus sur Rhoda, de savoir ce qu'elle avait voulu dire en affirmant ne plus avoir besoin de sa cicatrice. Quel besoin peut-on avoir d'une marque qui vous défigure ? Est-ce cette cicatrice qui a forgé le caractère de Rhoda ? Est-ce à cause de cette marque qu'elle est devenue une femme à la fois aussi forte et tellement discrète ? Voulait-elle s'ouvrir aux autres une fois la cicatrice enlevée ? Autant de questions qui restent sans réponse et en deviennent presque obsédantes.

"The Private Patient" était donc un excellent polar. Un joli mélange de suspense et de calme (l'enquête se déroule sans rebondissements excessifs et les deux meurtres ne font pas l'objet de descriptions scabreuses) que P.D. James maîtrise à la perfection. Jusqu'aux dernières pages et à cette fin qui me laissent un goût de trop peu. Impossible de m'habituer à l'identité du meurtrier, je ne vois absolument pas cette personne commettre des actes aussi barbares que ceux qui mènent à la mort de deux victimes. Mais c'est vraiment le seul défaut que je trouve à cette intrigue so british.
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