The Last

Le jeune barman australien m'a dit aujourd'hui : " C'est pas du tout comme ça que j'imaginais mourir dans une guerre nucléaire, mais au moins, y a un bar à volonté."

"Le cerveau a en effet tendance à effacer les traumatismes et à ne les faire revivre qu'occasionnellement sous forme de flashbacks, de rêves, de vertiges ou de crises de panique. Les souvenirs, eux, deviennent une oeuvre de fiction. D'une certaine manière, j'ai dévoué toute ma vie au temps, même si personne n'est sûr de savoir le définir."

"Si on ne fait pas l'effort chaque jour d'aimer l'autre, il est facile d'oublier ce que c'est."

"_Et toi ? Que t'est-il arrivé ? demanda Nathan.
Je rie.
_Oh, tu sais, pas grand-chose. Je suis allé en ville et je suis revenu en essayant de ne pas mourir deux, trois fois.
_Rester vivant est un boulot à plein temps maintenant, on dirait."

J'étais obligé de m'enfermer dans le présent, de me concentrer sur une tâche concrète, de nier l'existence de tout passé et de tout futur. C'était la seule façon de ne pas perdre pied.

"Je ne savais pas quoi faire. J'étais persuadé que la façon de procéder m'apparaîtrait avec évidence, le moment venu, mais il me semblait de plus en plus clair que, malgré toutes mes nouvelles convictions et mon sens du devoir dans ce monde post-apocalyptique, rien de ce que je faisais n'avait vraiment d'importance. Baloche était mort. Et alors ? Le cadavre n'avait rien à me raconter."

"_J'ai cru entendre un oiseau.
Son visage s'illumina.
_Quel genre ?
_Je ne sais pas, désolé. Je n'ai pas pu le voir, le cri ressemblait seulement à celui d'un oiseau. Je ne sais pas les distinguer.
_Eh bien, faisait-il plutôt cui, coua, ou hii ?
_Plutôt un bip, répondis-je en riant.
Nos rires attirèrent l'attention de quelques personnes, me faisant prendre conscience que nous passions sans doute pour des gens sans coeur. Nous venions juste de tuer l'un des nôtres. Qui savait comment cela allait finalement nous affecter ?"

Quand je suis arrivé, la porte principale était toujours ouverte. Je me suis dit que personne n'avait pris la peine de la fermer derrière moi parce que c'était fini, et j'avais raison. Je crois que c'est Stephen King qui a dit que toutes les peurs humaines peuvent se résumer à une porte légèrement entrouverte.

"_Ils ont nationalisé le wifi ! s'exclama Rob. Il aura fallu la fin du monde pour que ça arrive enfin !"

"En tant qu'espèce, la seule chose qui nous restait, qui importait, et qui finalement nous gardait en vie, c'était peut-être la bonté témoignée par des gestes simples. Dans ma compulsion à vouloir me rendre utile et à avancer, j'avais surtout oublié d'être gentil. Peut-être l'avais-je même déjà oublié avant.
Nadia, je sais que tu ne pensais pas que j'était très bon. Peur-être avions-nous tous oublié il y a longtemps ? Était-ce ça notre problème ? Vers quoi nous dirigions-nous, sans gentillesse ?"