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Critique de Fandol


Courageuse et étonnante entreprise, Une nuit à Aden dont le tome 1 a une suite qui peut se lire indépendamment, est roman mais surtout un essai dont la pédagogie est réussie, se mettant à la portée de tout lecteur qui veut essayer de comprendre l'Islam : « Par Islam, j'entends la civilisation islamique ; avant tout une religion où le destin d'une vie n'est qu'une dépendance absolue de la volonté d'un dieu unique et transcendant, Allah. Mais aussi un culte avec ses tabous, sa liste interminable de prescriptions et de prohibitions, de proscriptions, de châtiments, de normes et de coutumes. »
Par cette citation, Emad Jarar s'exprime par l'intermédiaire de son héros qui porte le même prénom mais se nomme Erraja. Il pose, dès le début du livre, le problème dont il veut traiter après un court préambule et déjà une première volée de sourates du Coran qu'il va analyser sans concession, avec une lucidité remarquable.
Pour lire Une nuit à Aden (1), j'ai dû utiliser un second marque-page pour suivre l'abondant dossier de notes. Certes, elles cassent la lecture, la freinent mais en même temps, elles sont, pour la plupart, très instructives.
Tout commence par une escale à Moscou, le 2 septembre 1989, car le narrateur est en route pour Sanaa, au Yémen du Nord où il est envoyé au titre du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Ce n'est qu'en dernière partie du livre que l'auteur nous ramènera à Sanaa. Auparavant, il se livre à une analyse détaillée et très argumentée du Coran et de la Sunna, seconde source de la loi islamique. Un glossaire précieux complète le volume.
Une escale au Caire donne l'occasion au narrateur de parler de ses origines palestiniennes puis de son enfance heureuse à Alexandrie, entre un père musulman et une mère chrétienne (rite grec-melkite) venue de Salonique. C'est l'occasion d'expliquer ce qui se passe en Islam lors d'un mariage mixte avec deux personnes de religions différentes.
Ainsi, tout au long du livre, chaque occasion, chaque rencontre, chaque fait de vie donne lieu à analyse, explications, commentaires puis cela se calme un peu lors de la période newyorkaise où le roman prend nettement le dessus avec un passage digne d'un thriller mais toujours sur fond de problèmes religieux.
Une nuit à Aden (tome 1) constitue une documentation essentielle à lire et relire pour toute personne voulant comprendre ce qui se passe avec l'islam. L'auteur a un regard très critique sur sa religion pour en étudier toutes les caractéristiques, toutes les déviances et tenter de pacifier les relations avec les autres monothéismes.
Son narrateur ne peut se passer de l'idée de Dieu et utilise les arguments habituels pour faire admettre cette nécessité. Pourtant, tout au long de ma lecture, je me suis dit que seule la laïcité recèle la solution à tous les maux apportés par ces religions monothéistes qui n'ont eu de cesse de se combattre au fil des siècles, laissant sur leur passage des quantités de vies abrégées, de souffrances imposées pour asseoir, en fait un pouvoir masculin et politique.
J'ai aimé le côté romanesque du récit, les amours du narrateur et surtout les mises en garde devant les jusqu'au-boutistes musulmans, ceux qui veulent revenir au Moyen Âge et sont prêts à tout pour asservir les femmes. Certaines choisissent de se soumettre pour assurer un confort relatif et une sécurité provisoire.
Ce tome 1 se passe à la fin des années 1980 mais, depuis, tout ce que l'auteur mentionne, décrit, s'est aggravé, amplifié, allant jusqu'au pire. Emad détaille bien l'héritage des textes coraniques et explique abondamment les interprétations qui en ont été faites au cours de discussions, d'entretiens amicaux ou pour répondre à des questions. Je remercie vivement Babelio et Emad Jarar qui m'ont permis cette lecture très instructive.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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