Alfred Jarry raconte l'histoire de
Messaline, la troisième épouse de l'empereur Claude, en nous étourdissant dans un tourbillon de mots. le fond de l'histoire est tirée de
Suétone et Tacite mais la manière est érudite voire absconse, à tel point que certains passages, d'une grande poésie, font irrésistiblement penser à du Mallarmé.
Dans ce court récit de Jarry, la vie de
Messaline est prétexte à sublimer la sensualité, la recherche d'un plaisir divin en évitant avec brio les écueils libidineux liés à la réputation de nymphomanie de l'impératrice.
L'accumulation de mots oubliés ou inconnus (de moi en tout cas) m'a enivrée pour m'amener à comprendre ce que Jarry ressent de la vie de
Messaline : sa recherche de la chair est une recherche du bonheur, auprès du plus beau des romains ou dans les lupanars de Subure. Peu importe que
Messaline ait été ou non fidèle à ce portrait, la question ici est le lien étroit qui existe entre des moeurs qu'on qualifie de dissolues et le bonheur. Des siècles de morale, religieuse ou non, ont contribué à éloigner ou au moins à voiler la proximité entre les deux.
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