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Critique de FleurDuBien


Ce livre est une prouesse littéraire.
Régis Jauffret est véritablement un grand écrivain.

Il nous narre la grossesse de Klara, la mère d'Hitler, engrossée par son Oncle (ou son cousin, on ne sait pas vraiment), enfin grosse d'un enfant, le fruit d'un inceste.
Déjà ça démarre fort...

Je me permets de parler de prouesse littéraire car, par de petites touches, rares au début de la grossesse et plus saccadées à la fin, lors de l'accouchement ou juste après, Régis Jauffret instille au compte goutte les visions de Klara ou de l'auteur (à un moment donné tout se confond...), références innombrables à la Shoah et aux camps de concentration. Nous avons même droit à une époque très proche de la nôtre, si ce n'est la nôtre, des visites d'adolescents à Auschwitz-Birkenau.

Nous sommes nettement pris en otage dans ce livre addictif et profond, pour moi en tout cas il en fut ainsi, je n'ai pas pu le lâcher. Il m'a remplie comme Klara est remplie souvent de son Oncle quand il veut, comme il veut, où il veut.
Un sale bonhomme pétri de mauvaises pensées et se comportant comme un tyran sur toute la maisonnée.
Klara est mariée à lui.

Klara est clairement psychotique, surtout à la fin de sa grossesse.
Elle est obnubilée par ses pensées qui l'assaillent de nuit comme de jour, elle ressent un puissant attrait pour écrire ses pensées coupables dit-elle, elle est addict à tout support pour les écrire ; elle achètera même un tableau noir pour écrire encore et encore des phrases qu'elles entend. Pour les effacer avec une éponge.

Plus encore, elle est poussée à aller à l'église très souvent pour se confesser. Pas de chance, le Curé est limité, un psychopathe qui la rejette brutalement, ne lui donne l'absolution que quand ça lui chante. Des bondieuderies délirantes.
En fait, je m'aperçois que tous ont un grain, de l'Oncle à Klara en passant par sa soeur, et la servante. La sage-femme et le médecin sont également très étranges.

Ses pensées parasites, on sait qu'elle sont annonciatrices de l'avenir, car Hitler fut sans nul doute le père de la Shoah. le mal absolu. On sait quand les pensées de Klara s'envolent, Jauffret nous donne des petits indices, pas de ponctuation et des phrases mélangées au présent, qui vont tapisser les pages, et qui la plupart du temps, vont directement à la marge. C'est ici que je parle de prouesse littéraire, car ses digressions, qui n'en sont pas vraiment d'ailleurs, ses phrases ou paragraphes se mêlent avec beaucoup de talent au présent, à l'horreur de la vie de cette pauvre chose qu'est la future mère de Hitler, Adolph de son prénom.

Avec ce thème mortifère et moribond, j'ai hésité à le lire.
Et puis je me suis lancée (merci Kirzy...) et je ne le regrette pas, car c'est une vraie aventure littéraire auquel je me suis confrontée.
On retrouve ici encore le talent de Régis Jauffret.

Alors oui, c'est glauque, malsain, difficile.
Ayant beaucoup lu sur la Shoah, ces phrases parasites ne m'ont pas choquées ni mises à mal.
Mais l'ambiance de folie mentale est bien présente.

Pour moi, un OVNI littéraire, car je crois que le sujet du livre n'a pas été abordé par beaucoup d'auteurs, sinon aucun.

Un grand moment de lecture.
Je me sens remplie de cette expérience.
C'est sans doute le but.


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