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Critique de Sando


Bigote naïve à la logorrhée étourdissante, Klara est une femme d'un autre temps, un temps où la considération pour le sexe faible était proche de zéro. Un temps où le devoir de la femme était de servir les besoins de l'homme en étant le récipient de son désir, matrice fertile pour sa descendance, tout en ayant en charge la tenue du foyer. 

Peut-être pour se préserver de la violence de son quotidien, fait de viols, de coups et de brimades, Klara est dépeinte comme une femme à l'esprit fantasque. Elle se plaît à le laisser dériver au gré de ses réflexions, de ses angoisses, de ses rêves, se repentant sans cesse, à la moindre sortie du cadre, et allant à confesse au moindre prétexte pour expier ses pensées impies, pour le plus grand plaisir d'un confesseur sadique et prompt à condamner ses ouailles…

Alors qu'elle a déjà perdu deux enfants en bas âge, Klara découvre qu'elle est de nouveau enceinte… Aloïs, son oncle, mais aussi le père de son enfant, est sûr que ce sera un fils, un soldat, un commandant, bref un grand homme… Quant à Klara, quoi qu'il devienne, elle sait déjà qu'elle chérira cet enfant plus que tout…


Je dois dire que traiter de l'un des plus grands criminels du XXème siècle en revenant sur sa genèse, alors qu'il n'est encore qu'un embryon en développement, était plutôt une idée de départ originale autant que séduisante! Un récit qui ne cherche pas à disculper, mais seulement à remettre en contexte une histoire méconnue. Fruit d'un remariage et d'une relation incestueuse entre un homme abusif et violent, obsédé par sa réussite sociale et une femme soumise et bigote, on imagine aisément que l'enfance du jeune Adolf n'a pas dû être joyeuse tous les jours…


Néanmoins, ce qui intéresse ici Régis Jauffret, n'est pas tant ce qui grandit “dans le ventre de Klara”, que les conditions dans lesquelles se déroulent cette grossesse. Portrait saisissant d'une femme qui oscille entre folie, culpabilité permanente, frustration mais aussi rêves de grandeur, Klara est un personnage ambivalent que j'ai trouvé profondément agaçant et antipathique. Bien que victime de sa condition, je n'ai pas réussi à être touchée par cette femme éprise de mots et d'écriture, qui tente, en cachette, de s'extraire du joug patriarcal et de libérer la parole, mais qui ne parvient qu'à produire une véritable logorrhée irritante et bien souvent indigeste.


Malgré un sujet intéressant, j'ai trouvé la plume de Régis Jauffret trop factuelle, trop sèche, trop tournée vers le mystique aussi. Bref, j'ai eu l'impression de rester en dehors du texte, même si, objectivement, je pense qu'il a de nombreuses qualités qui peuvent plaire. A réessayer plus tard peut-être! Il y a des fois ou ce n'est juste pas le bon moment, surtout lorsqu'on sort d'une lecture particulièrement enthousiasmante…
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