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Critique de BazaR


Cette BD m'a fait monter dans les tours grave !!

Jean-Yves le Naour extrait une fois de plus une « péripétie » de son livre 1914 pour la développer sous forme BD. Cette fois, il se concentre sur les effets terribles du racisme intérieur auquel étaient soumis les « gens du Midi ».

Au début de la 1ère guerre mondiale, le généralissime Joffre ordonne à la IIème armée de s'enfoncer en Lorraine le plus vite possible. Son leader, Foch, veut en découdre. Citation du dossier : « Pourquoi être prudent quand la doctrine dominante est celle de l'offensive à outrance, quand on croit que c'est le courage, la détermination, l'élan, la volonté qui font la victoire ? ». Bref, c'est le retour De Crécy et D Azincourt ; on fonce et notre noble courage prévaudra. Les flèches des Anglais ont été remplacées par des canons nettement supérieurs à ceux des Français. Résultat : la chair à canon est livrée aux aigles du Deuxième Reich.
Évidemment, il faut un bouc émissaire à jeter en pâture à l'opinion. Facile ! On dit que ce sont les soldats du Midi qui ont flanché. On ne va pas accuser les Lorrains qui sont considérés comme l'élite militaire du pays, alors que le provençaux, avec le racisme intérieur qui les considèrent paresseux, indolents et profiteurs, c'est super crédible.
Une petite allusion à la presse, et voilà, le pastis est servi ! Et il est indigeste.
La volonté de « maintenir le moral du pays » ira jusqu'à condamner à mort deux hommes qui ont pourtant courageusement affronté le feu terrible des adorateurs de Wotan (hum, je m'égare). Soit disant parce qu'ils se sont automutilés pour éviter de retourner au front, témoignage de médecin (influencé par la presse, et de Lorraine) à l'appui.
Il faudra attendre un an pour que le dossier soit rejugé et ces hommes réhabilités.

Je n'ai pas vraiment envie de commenter le dessin ou le scénario. Voyez-vous, je suis du Midi moi-même (bon, du Languedoc mais vu de Paris c'est comme la Provence) et j'ai sauté au plafond une vingtaine de fois pendant ma lecture, au point de me faire de sacrés bosses sur le crâne. Quand je suis monté à Paris, je me suis bien rendu compte du regard spécifique porté sur moi lorsque je parlais de mannnger, ou de painnn. Mais ce regard était plutôt amusé, nostalgique des vacances d'été (et un certain succès auprès des filles). Cela ne m'a jamais nui. Lire donc que, dans des circonstances plus tragiques, ce « regard spécifique » a servi de prétexte et provoqué la mort d'hommes m'a profondément choqué.

Une BD à mettre entre toutes les mains.
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