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Critique de Aupaysbleu


Ce roman d'Oriane Jeancourt Galignani est étonnant. Il s'agit au départ de la relation entre l'un des Maîtres de la peinture hollandaise du XVIIè siècle, avec Margot, une veuve de militaire, qu'il a recueillie pour s'occuper de son fils. Fleuron de l'âge d'or hollandais, empruntant au maître italien Caravage sa technique du clair-obscur, ce Peintre, désigné ainsi au fil des pages, comme par dédain, surprendra ses contemporains par une gravure étonnante, celle d'une femme à corps d'écrevisse. Loin des toiles plus académiques de cet art figurant habituellement des représentations de scènes bibliques, de hauts personnages, médecins, et autres dignitaires religieux aux chapeaux noirs, cette gravure surprend autant qu'elle attire. Qui a réellement peint cette gravure étrange pour l'époque ? Que représentait-elle pour l'artiste ? Cette femme écrevisse mystérieuse traversera les âges et liera plusieurs destins d'une famille aux lourds secrets. Injustice, désir de vengeance, les personnages, atteints au plus profond de leur être, semblent frappés d'un sort les intimant à réparer un passé dont ils semblent toujours prisonniers.

J'ai aimé les descriptions du travail de l'artiste, et de Margot qui, sous l'oeil du Maître, dessine et utilise ses techniques chimiques, comme une élève appliquée, la rendant émouvante et si proche. A d'autres moments, ce style fin comme un pinceau tranche avec un langage cru. Au moment où le récit nous ramène, telle une machine à remonter le temps, en 1999, nous suivons les héritiers de Margot, Grégoire, Lucie, Ferdinand. J'ai suivi difficilement le parcours chaotique de Grégoire à Londres, dans ce deuxième chapitre très long. J'avais du mal à retrouver l'intrigue de départ. En revanche, Ferdinand, ce grand-père mourant, a permis de me reconnecter avec le tableau et ses mystères. J'ai apprécié sa narration interne et ses tourments d'acteur de second rôle éternel m'ont émue.

Que retenir de ce roman ? L'ai-je compris ? Il est difficile d'en être sûre, tant l'auteure semble brouiller les pistes. Est-il question d'art ? D'histoire ? D'histoire de l'art ? de l'art déformant l'histoire ? L'histoire avec un grand H, celle qui a été retenue par la postérité, restitue-t-elle la réalité ou a-t-elle été lissée de ses aspérités ? Ce n'est pas un scoop : les grands noms de la peinture ont parfois, pour répondre aux nombreuses commandes, et éponger certaines dettes, eu recours à leurs élèves apprentis pour la réalisation de certaines oeuvres. Il n'en est pas moins admis que le mérite n'en revenait qu'au seul Maître. Ce petit homme n'en a sans doute pas moins été un génie de la peinture hollandaise, et cette lecture m'a poussée à découvrir qui il était, à travers ses toiles, gravures mais aussi son parcours.

Malgré quelques longueurs et un chapitre que je n'ai pas réussi à relier à l'intrigue, tant il semble déconnecté, j'ai apprécié la lecture de ce roman. Néanmoins, je n'ai pas eu le coup de coeur, alors que le premier chapitre m'avait semblé prometteur, et tellement bien écrit que j'avais l'impression d'être dans l'atelier de Rembrandt.
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